Il s’agit du premier rapport de la chambre régionale des comptes des Hauts-de-France sur Lille 3000. Un avis attendu puisque l’association culturelle, l’une des plus importantes en France, est souvent sur le devant de la scène.
Dans ce rapport que DailyNord a pu consulter, la CRC insiste sur plusieurs recommandations sur la gestion de l’association présidée par Ivan Renar à l’époque.
Comme celle de mentionner dans les comptes annuels de l’association les rémunérations des trois plus hauts cadres dirigeants salariés ainsi que leurs avantages en nature. Une remarque qui risque de faire quelques vagues quand les rémunérations de certaines personnalités du monde de la culture avaient déjà été épinglées…
Didier Fusillier, l’homme qui savait se multiplier
La chambre rappelle que Didier Fusillier a occupé entre 2000 et 2015 trois emplois de direction de structures culturelles. « Or, la multiplicité de ces fonctions est contraire à l’esprit de la charte des missions de service public pour le spectacle vivant ». Il s’agissait de l’établissement public de la Villette, de la scène nationale le Manège à Maubeuge et de la Maison des arts de Créteil, puis de Lille 2004 prolongé de Lille 3000. Il est devenu conseiller artistique expert de Lille 3000 en novembre 2015, mais« le nom de Didier Fusillier continue d’apparaître sur tous les documents de communication de la structure en haut de l’équipe administrative comme s’il était toujours à la tête ».
De même, la rémunération est pointée. Selon la juridiction, Didier Fusillier n’aurait dû percevoir que 33,33 % de son salaire brut à temps complet, comme pour les deux autres structures. Avec 8 200 euros mensuels, cela correspond à 60 % de sa rémunération à temps plein. Du coup, il percevait pour la période 2012-2015 un revenu brut cumulé d’environ 20 500 euros. Et de relever un pourcentage de quotité de travail de 180%.
La réponse de Lille 3000 est celle-ci : « Un travail de réflexion, non quantifiable par nature était consacré aux recherches de perspectives et aux stratégies à déployer. Son salaire était donc évalué « au regard de ce qu’il pouvait apporter au développement de l‘association ». Selon les magistrats, Didier Fusillier touche 4 300 euros bruts par mois comme conseiller artistique, pour « seulement » neuf heures de travail par semaine. La conclusion est sans appel : « Didier Fusillier dispose de prérogatives qui vont au-delà de la mission de conseiller et bénéficie de rémunérations qui dépassent largement la quotité de travail à temps plein. »