Réélue de justesse à la mairie de Lille, Martine Aubry est sous le coup d’un recours au tribunal administratif déposé par ses rivaux à l’élection municipale.
Martine Aubry entame son quatrième mandat sous la pression de ses anciens rivaux à l’élection municipale. Violette Spillebout (LREM) et Stéphane Baly (EELV) viennent de déposer un recours au tribunal administratif pour des « irrégularités pendant la campagne et pendant les opérations de vote ». Sur le bureau des juges, un dossier d’accusation d’une vingtaine de pages particulièrement lourd, accompagné de plus de 200 pièces justificatives, qui pourrait bien invalider le scrutin du 28 juin. Les charges à l’encontre de l’ancienne ministre de Lionel Jospin sont sévères. Pression sur des associations subventionnées par la mairie, utilisation de carnets d’adresses sans autorisation, embauche par la ville d’une athlète de renom lilloise, le lendemain du premier tour, et, depuis, signataire d’un tract de soutien à son « employeur » dans les quartiers défavorisés. Violette Spillebout et Stéphane Baly émettent aussi de sérieux doutes sur la régularité des comptages de voix le soir du deuxième tour. Stéphane Baly, annoncé vainqueur durant une partie de la soirée, est finalement battu par la maire sortante avec seulement 227 voix d’écart. Les deux plaignants évoquent des soupçons de « bourrage d’urnes », mais aussi des procurations douteuses ainsi que des manipulations sur les procès-verbaux des résultats. Pour Martine Aubry, qui subit une forme de procès en légitimité, il est urgent que le tribunal administra-tif se prononce sur ces recours. Les juges ont trois mois pour permettre à la « dame des 35 heures » de gouverner Lille sereinement ou invalider l’élection du 28 juin. SERGE RAFFY
14 L’OBS/N°2906-09/07/2020