A Lille comme en France, toutes les personnes en situation de vulnérabilité doivent être protégées, quelle que soit leur nationalité ou leur origine. Personne, et nous disons personne, ne doit être stigmatisé et ne doit vivre dans une situation indigne.
Le drame effroyable qui a secoué la France, avec le naufrage d’une embarcation de migrants dans la Manche, provoquant plus de 30 morts, a rappelé à tous combien le sujet de l’accueil des réfugiés sur le territoire national reste complexe, et combien la détresse sociale engendre des tragédies qui ne devraient pas exister de nos jours.
Pourtant, à Calais, à Grande-Synthe et dans bien d’autres villes de France, comme à Lille, nous sommes confrontés à l’arrivée de réfugiés qui fuient leurs pays pour des raisons de violence économique, sociale, sanitaire ou climatique. Nous devons assistance et protection aux réfugiés qui fuient leur pays.
Mais nous voyons réapparaître des bidonvilles et des squats indignes. A Lille en particulier, nous avons connu de nombreux “campements” sauvages, au Vieux Lille, à Lille Sud, à Hellemmes, à Fives, à Saint-Sauveur, et les évacuations successives déplacent le problème sans le régler. Force est de constater que la situation s’aggrave partout et s’aggravera encore, et que les capacités d’hébergement sont insuffisantes, en dépit des efforts de tous les gouvernements successifs.
Le gouvernement français d’ailleurs prend sa part aujourd’hui dans la prise en charge et la régulation de cette immigration ; notre pays doit humanité, dignité et rapidité dans l’accueil et dans le traitement des demandes, mais aussi fermeté et efficacité envers ceux qui ne peuvent pas rester sur notre sol.
Les budgets consacrés à cette politique au cours de ce quinquennat ont été multipliés par 4 en 10 ans et représentent aujourd’hui 2 milliards d’euros pour l’hébergement d’urgence au sens large en France.
Le gouvernement propose également depuis 2018 un nouvel outil : les Contrats métropolitains d’accueil et d’intégration des réfugiés. Il s’agit d’une contractualisation avec l’État, cohérente et efficace, en confiance avec tous les partenaires associatifs, sociaux et économiques du territoire, pour développer des actions fortes sur l’apprentissage du français et l’insertion professionnelle.Ce contrat, c’est la réussite d’une mise en réseau et de partenariats institutionnels pour tenter d’améliorer l’accueil et l’intégration des réfugiés.
En France, 18 grandes villes, soit les 3/4 des grandes villes françaises, ont signé un CTAIR depuis plusieurs années, qui amène 300 000 euros par an d’aide de l’Etat (scolarisation, insertion, apprentissage du Français).
Nous soulignons le fait qu’un engagement de 3 ans de l’Etat sur un contrat de 900 000 euros est assez rare pour soutenir le tissu associatif et mérite d’être salué.
Sur ces 18 grandes villes, les CTAIR ont été signés avec 6 villes-centres et pour le reste avec les Métropoles. Elles obtiennent même, après avoir signé, des financements complémentaires de l’Etat pour des actions spécifiques, par exemple pour l’accompagnement des enfants, comme l’ont fait récemment Lyon et Villeurbanne.
Le dernier CTAIR a été signé au Havre avec Edouard Philippe et Marlène Schiappa.
Enfin, à l’occasion de la crise afghane, Johanna Rolland, présidente de France Urbaine a écrit au Premier Ministre en Août 2021, pour rappeler le rôle primordial des Maires et exprimer le souhait d’aller encore plus loin dans la collaboration entre l’Etat et les collectivités territoriales sur le sujet d’accueil des réfugiés.
Dès juin 2019, à l’occasion de l’évacuation du camp du 5 Etoiles, le collectif Faire Respirer Lille interpellait le Conseil Municipal de Lille publiquement concernant l’enclenchement d’une signature d’un tel contrat pour Lille. Cette première sensibilisation n’a pas, à notre connaissance, déclenché d’action de votre part, alors que déjà, de nombreuses villes s’engageaient dans la démarche.
En Conseil Municipal du 10 septembre 2020, notre groupe Faire Respirer Lille intervenait pour renouveler cette demande et faire des propositions. La réponse que vous avez alors apportée rejetait la responsabilité vers la MEL.
L’arrivée en France et dans notre métropole de réfugiés afghans en Août dernier a motivé le groupe Faire Respirer Lille à saisir le Président de la MEL par la voix de ses conseillers communautaires, dans un courrier en date du 6 septembre 2021.
La réponse reçue le Mardi 12 octobre 2021, se dégageant de toute « compétence » en la matière est édifiante et effarante.
Nous avons maintenant un espoir que votre position évolue, puisque vous avez accepté le versement d’un fond d’amorçage de 50 000 euros en octobre, de la part de la DIAR, pour entamer le travail sur ce CTAIR.
Nous vous proposons ce soir, Mme le Maire, de mettre vos actes en cohérence avec vos déclarations, puisque vous avez interpellé publiquement le président de la République le 4 août pour l’encourager à continuer d’accueillir des afghans en danger.
Devant la position dogmatique de la Ville de Lille et de la MEL, de refuser jusqu’à présent de porter ce sujet de l’accompagnement et de l’intégration des réfugiés à Lille avec sérieux et responsabilité, et ce, totalement en décalage avec celle de toutes les grandes villes de France, le Groupe Faire Respirer Lille soumet donc au Conseil Municipal le vœu qu’enfin Lille s’engage pleinement dans cette signature, en mobilisant avec elle les communes de la MEL.