Intervention de Vanessa DUHAMEL
Mme le Maire, chers collègues ;
Au moment même où vous développez un projet de revalorisation du Jardin des Plantes, votre majorité a fait l’annonce de la disparition programmée de l’un de ses fleurons, la serre équatoriale.
On connaît l’argument invoqué, la lourdeur économique du chauffage de cet édifice, qui grèverait nos finances en cette période où le coût des fluides explose.
Pour avoir visité à plusieurs reprises cet équipement cher aux Lillois, j’ai été frappée de constater que sa beauté masque difficilement la dégradation du bâti, par un manque évident d’entretien ; un escalier intérieur en est même condamné, car devenu dangereux. Les parties métalliques sont rongées par la rouille, et nécessiteraient un traitement en profondeur ; on constate là tristement la même impéritie que dans nombre d’autres édifices patrimoniaux de notre commune.
Dans le même temps, on entend dire qu’une méprise historique serait à l’origine de la situation présente ; la serre dite équatoriale aurait en réalité été construite pour être paysagère, ce dont attesterait l’absence d’arrivée d’eau bien qu’elle comporte des bassins, et son utilisation tropicale aurait contribué à la dégradation d’un bâti inadapté.
C’est possible, mais que ne s’en est-on rendu compte avant une si profonde dégradation ? Et que nous dira-t-on des bassins du Jardin des Plantes, qui à l’inverse sont pourvus d’une arrivée d’eau parfaitement inemployée puisqu’ils demeurent désespérément vides et se dégradent également inexorablement ?
La presse locale, toujours mieux informée que notre conseil, croit savoir que des contacts auraient été pris pour déplacer les plantes ; nous nous en réjouissons car elles comprennent des plants rares, qu’on ne saurait euthanasier en ces temps d’appauvrissement de notre éco-système.
Fin du prologue, début de l’intrigue.
Une fois désert, que deviendra ce bâtiment ? De très importants travaux de rénovation devront y être entrepris ; les mettrez-vous à profit pour installer un système de chauffage écologique permettant de revenir à un usage botanique ? Restera-t-il un lieu pédagogique précieux dans ce quartier populaire ? L’exemple tout proche de nous de l’église Saint Sauveur, fermée depuis 7 ans afin que vous l’observiez, nous pousse à la prudence … Notre plus grande crainte est qu’à la demande de classement aux monuments historiques déposée en 2021 par l’O.N.G. « Docomomo » succèdent démolition et gravats dans une poignée d’années…
Aussi serions-nous au moins un peu rassurés si l’étude que vous entendez confier à l’E.N.S.A.P.L. comprenait le devenir du bâtiment abritant la serre équatoriale, car ces jeunes esprits nous paraissent aussi inventifs que rétifs aux décisions autoritaires et verticales ; qui mieux que des étudiants en architecture sauraient mettre en place une réflexion participative et concertée, associer les acteurs locaux tels que « les Amis du Jardin des Plantes de Lille », dans un bel esprit démocratique si douloureusement étranger à votre majorité ?
Je ne puis que vous inciter à nous présenter tout prochainement une délibération en ce sens, que nous voterons avec le plus grand enthousiasme.
Je vous remercie.