Madame le Maire,
Madame l’Adjointe,
Chers collègues
A Lille comme en France l’égalité des chances à l’école, expressément citée dans la déclaration universelle des droits de l’enfant, n’est pas une réalité. Dans notre système scolaire, la réussite à l’école est plus que partout ailleurs en Europe, directement liée à l’origine sociale. L’école reste une machine à reproduire les inégalités, un constat très ancien et que le Président de la République a pris à bras le corps – le nouveau Ministre aussi y planche.
Pour la première fois les indices de position sociale de tous les collèges et écoles de France viennent d’être rendus publics. En gros, et même s’il faut le prendre avec des pincettes, l’indice de position sociale décrit le profil social d’une école et permet de savoir si les élèves sont en moyenne issus d’un milieu social favorable à la réussite scolaire. Les écoles concentrant les élèves défavorisés ont toutes les chances d’accueillir un nombre important d’élèves en grande difficulté scolaire, ce qui a un impact sur l’ensemble de l’effectif. Ces indices jettent donc une lumière très crue sur les inégalités scolaires entre écoles et il nous semblait essentiel de l’aborder ce soir.
Certains parents que l’école ou le collège du quartier effraie mettent en place des stratégies d’évitement, fuient dans le privé ou obtiennent des dérogations. Et qui peut les juger ? Comparer les établissements, ce n’est pas indigne, c’est vouloir « offrir le meilleur » à son enfant. (Et on aurait beau jeu de mettre les angoisses des parents sur le dos de la plateforme pour entrer en études supérieures, Parcoursup. C’est très loin d’être parfait mais ça a quand même permis la fin du tirage au sort).
On rêve tous que tous les enfants aient les mêmes chances et que chacun trouve sa place, puisse devenir “qui il veut”. Pourquoi cette non mixité dans nos écoles est un problème ? C’est un problème très simplement parce que c’est terriblement injuste pour les enfants et les enseignants de ces établissements. C’est un problème parce que l’entre soi n’est pas bon pour notre jeunesse, renforce le communautarisme, et que la mixité permet surtout de développer des compétences dont certains chercheurs expliquent que les élites françaises manquent cruellement.
J’en reviens aux indices de position sociale des écoles de Lille. La moitié des écoles ont un indice de 93 et moins, alors que c’est 97 dans le département et 103 en France. Ce n’est pas une surprise, Lille reste une ville populaire. Ce qui nous désole c’est de voir des écarts faramineux entre 2 écoles publiques parfois seulement situées à quelques centaines de mètres d’écart.
Alors que faire pour ces écoles ? Comment inlassablement la commune peut à son niveau et avec ses moyens réduire les inégalités scolaires amplifiées par la fuite des familles qui le peuvent. Comment rendre ces établissements désirables ?
1- Puisque tout part du besoin de rassurer les parents nous estimons qu’il faut investir, partout où il est dégradé dans l’espace public aux abords des écoles : tolérance zéro sur les trafics de drogue (Je lisais le témoignage d’un parent “Si je les ai inscrit dans le privé, c’est d’abord pour des raisons sécuritaires, l’exigence scolaire est passée après”), tolérance zéro sur les incivilités par exemple en matière de propreté aux abords, investir dans des terrains de jeu en accès libre aux abords des établissements comme à l’école Pasteur, de plus en plus de rues scolaires sécurisées et attrayantes, des activités le midi et après l’école – qui sont de la responsabilité de la mairie – de très grande qualité, mais qui surtout, plus que de coller à un projet municipal – doivent coller au projet de l’école, au projet des enseignants. Enseignants que la ville – en tous cas pour ce qui dépend d’elle – doit inlassablement chercher à aider que ce soit par du financement de projet, de la mise à disposition de salles de sport, de lieux d’art et de culture dans la ville. Un super centre de loisirs le mercredi, une super cantine, voilà aussi ce qui fait la réputation d’une école.
2- L’ouverture de l’école aux parents et au quartier aussi joue bcp : salle des parents, salles ouvertes aux asso. du quartier, école ouverte. Et le choix du lieu d’implantation d’une nouvelle école est stratégique, l’école peut occuper ou pas une place désirable et centrale dans le quartier c’est tout l’argumentaire des parents qui se battent contre votre projet de relocaliser l’école Moulin Pergaud de Lille Sud et compte tenu de l’enjeu nous estimons que le CM devrait avoir communication des études complètes vs poussant à choisir la rue Abelard.
3- 3e piste, le partenariat avec le privé. A Lille, où l’implantation d’écoles privées est forte et très ancienne, les collèges privés accueillant des élèves défavorisés sont plus nombreux qu’ailleurs en France, c’est à dire qu’ils jouent un peu plus qu’ailleurs le jeu de la mixité. Travaillons pour que cela se poursuive et soit amplifié.
Une demande pour terminer : nous souhaitons que la sectorisation des écoles nous soit communiquée. Je vous remercie.