Madame le Maire, chers collègues ;
La délibération qui nous est soumise vise à requalifier un délaissé en espace vert qui sera ouvert aux Lillois. C’est, évidemment, une heureuse initiative qui contribuera à atténuer la réputation de ville bétonnée qui est malheureusement la nôtre.
Reste à songer à l’avenir, c’est-à-dire au devenir de chacun de ces espaces, et à l’usage que l’on en fait.
Cette préoccupation, qui ne relève pas encore de l’inquiétude, me conduit à évoquer la situation du square Richebé, dont j’ai déjà saisi M. l’adjoint en charge de la sécurité, après avoir été moi-même interpellée par plusieurs habitants du quartier.
Ce qui fut autrefois un lieu de délassement et de sociabilité, où mères et grands-mères – car elles avaient alors ce monopole – conversaient joyeusement pendant que les enfants jouaient ensemble est aujourd’hui devenu un désert dépourvu d’âme, qui n’est plus peuplé que de jeunes hommes, qui s’ils sont pères n’y promènent assurément pas leurs enfants, tout occupés qu’ils sont à écouler des substances illicites, pendant que d’autres guettent l’approche des intrus.
Outre que les bancs, si rares dans notre ville, sont ainsi rendus inaccessibles aux passants, un autre édifice précieux encore est détourné de son office, les toilettes publiques étant désormais affectées à usage de stockage, ce qui en rend le coût d’utilisation proprement exorbitant. Enfin, un poste de radio trompe l’ennui des marchands installés sur leurs chaises pliantes, offrant au voisinage en quête de sommeil d’étonnantes découvertes musicales.
On en sourit peut-être, on en sourira moins lorsque l’impunité et sa visibilité extrême conduiront, inévitablement, à ce que surviennent des incidents violents qu’on n’aura pas souhaité prévenir.
Aussi vous suggéré-je d’accompagner cette création d’espaces verts nouveaux de mesures sur l’existant, et d’une réflexion prospective plus générale. Si on ne peut aujourd’hui assurer la sécurité d’un square de centre-ville, qu’en sera-t-il demain de petits espaces excentrés, et après-demain de l’immense parc urbain du Peuple Belge, que vous avez adroitement imposé au détriment de la remise en eau ?
Les riverains, nous avez-vous dit, ont craint les moustiques. Bien malheureusement, certaines piqûres sont autrement plus dangereuses que celles d’insectes inoffensifs.
Nous voterons donc bien entendu cette délibération, mais vous appelons dans le même temps à la plus extrême vigilance dans la mise en œuvre de toutes les requalifications d’espaces publics.
Je vous remercie.
Vanessa DUHAMEL