Conseil Municipal

Stationnement payant

Intervention de Vanessa DUHAMEL – Conseillère municipale et métropolitaine à Lille- Cheffe de file du Modem à Lille

Madame le Maire, chers collègues ;

Plus de 321 mille forfaits de post-stationnement en 2022, et l’on sait que vous prévoyez 106 % de hausse dès l’année 2024 ; la question du doublement de l’effectif d’équivalents temps plein agents municipaux, affectés à la mission de traitement des recours, actuellement 6,76, mériterait d’être utilement posée.

Bien que cycliste, je me suis interrogée sur les possibilités que pouvait conserver un usager professionnel d’échapper au pressoir ; une page existe sur le site de notre municipalité, à l’onglet Vivre-a-Lille/Me-deplacer/En-voiture/Le-stationnement ; il y est certes précisé que «  certains professionnels dont le code APE est mentionné dans l’annexe 2 de l’arrêté municipal » pourraient présenter une « demande », on ignore laquelle, mais la date de l’arrêté municipal, qui n’est pas placé en lien sur la page, n’étant pas indiquée, les professionnels dont il s’agit demeurent inconnus.

Subsistent deux possibilités : prendre rendez-vous, mais, je cite, vous n’avez « pas de créneau disponible actuellement », et l’on est incité à réessayer « ultérieurement », c’est-à-dire probablement après la date à laquelle on commencera à être forfaitisé en masse dans de nouveaux quartiers Lillois, ou créer un compte en ligne, en ignorant toujours ce que sont ses droits, faute d’accès à l’arrêté dont il s’agit. Pour mémoire, nous commémorerons le 3 juin prochain le centième anniversaire du décès de l’écrivain Franz Kafka.

Dans peu de jours, le quartier Moulins connaîtra sa métamorphose pour intégrer à son tour la colonie pénitentiaire du stationnement payant, trois mois avant la date initialement prévue, afin de coïncider avec l’arrivée des 2.000 fonctionnaires de la « Cité Marianne », prévue quant à elle pour le mois de mars.

Il ne s’agit pas ici de vouloir contrer le sens de l’histoire urbaine, qui cumulera la densification, la réduction de la mobilité, et le développement du télétravail. L’écologie de demain sera celle d’un ré-enracinement et de la sobriété, nous le savons tous, quand bien même certains le regrettent.

Il n’est reste pas moins que certaines professions ne peuvent s’exercer à distance, et qu’il conviendra d’accorder des dérogations aux personnes concernées. 

S’agissant du service public, l’Etat et les collectivités prendront évidemment en charge les stationnements requis.

En revanche, pour ce qui est des activités relevant du secteur privé, la difficulté peut s’avérer difficilement soluble. On pourrait, certes, considérer qu’il incombe au secteur privé de s’auto-financer, et pas à la collectivité de le soutenir, et que l’entreprise ou l’établissement concerné pourrait tout à fait déménager, de son propre chef, pour rejoindre des communes périphériques plus aisément accessibles à ses employés.

S’agissant cependant de l’hôpital Saint Vincent de Paul, il s’agit chacun le sait d’un hôpital certes privé, mais de proximité, qui plus est n’ayant fermé aucun lit depuis la pandémie. Cet équipement contribue précieusement à la santé publique dans notre commune, tout autant assurément que l’objectif de réduction des émissions polluantes visé par la lutte contre la mobilité automobile.

Or, les syndicats de cet établissement ont alerté notre commune comme la presse du risque de départs significatifs d’employés ; 60 % du personnel utilisent les transports en commun, et les parcs à vélo sont pleins ; ceux des employés continuant à circuler en véhicule automobile ne le font semble-t-il que par obligation.

Une réunion a eu lieu entre élus et représentants de l’établissement, qui, de façon évidente, ne peut dans l’urgence ni construire un parking silo, ni prendre seul en charge le coût de nombreux stationnements mensuels ; il semble, bien que ce soit invérifiable faute de lisibilité de la page municipale concernée, que les professionnels libéraux de santé puissent actuellement bénéficier d’un abonnement annuel, mais on ignore si les salariés d’hôpital y sont éligibles, et qui plus est le personnel administratif en serait exclu.

Notre crainte est que, pour des raisons que nous n’osons croire budgétaires ou organisationnelles, vous refusiez toute extension de l’accès à l’abonnement pour l’année 2024, afin de percevoir tout à la fois la manne du stationnement et celle de la forfaitisation. Dans une telle et regrettable hypothèse, nous souhaitons a minima, compte-tenu de l’enjeu de santé publique, vous inciter à prendre exemple sur la commune de Nantes, qui partage votre appartenance politique, et procédera à une étude d’impact de la tarification au dernier semestre 2024, visant précisément à évaluer ses conséquences sur l’emploi.

Dans l’hypothèse heureuse où les demandes syndicales seraient entendues, il semble impossible d’enregistrer l’ensemble des véhicules concernés avant la date fatidique du 24 février, compte-tenu de la nécessité d’inscription individuelle en ligne, des pièces à fournir, et de l’inaccessibilité de tout rendez-vous physique ; vous félicitant de la sagesse de votre renoncement, nous vous inciterions à revenir à la date initiale du mois de mai 2024 ; la perte d’un trimestre de stationnement et de verbalisation ne serait pas de nature à affecter trop durement l’équilibre budgétaire de notre commune.

Dans le temps long, des places de stationnement semblent pouvoir être aménagées sous le métro aérien ; peut-être le terrain d’assiette pourrait-il être concédé à cette fin à l’hôpital Saint-Vincent. Une réflexion serait judicieuse quant à la mutualisation de parcs privés, par exemple ceux de bailleurs sociaux souvent sous-utilisés ; des automobilistes aux revenus modestes pourraient en bénéficier, sous réserve d’accords financiers quant à la prise en charge de leur rénovation voire de leur location elle-même. Soyons lucides cependant, le correctif ainsi réalisé ne serait que marginal.

Enfin, sans doute conviendrait-il, dès lors qu’on accentue le caractère contraignant de l’usage des transports collectifs, d’améliorer la qualité, parfois incertaine, de l’accueil des usagers de la station de métro Porte de Valenciennes, qu’un tag éloquent qualifie, depuis de longs mois, de « Porte des Tox », et d’œuvrer avec les autorités compétentes à l’adaptation des horaires des transports en commun.

Je vous remercie.

Vanessa Duhamel