Conseil Municipal

Pour la paix en Palestine

Conseil municipal du 20 juin 2024

Intervention d’Ali DOUFFI, Conseiller métropolitaine et municipal de Lille

Madame le Maire,

Nous avons décidé, au sein de notre groupe Faire Respirer Lille, de la liberté de vote sur ce voeu, qui dépasse largement le cadre de nos activités municipales.

A ce titre, je souhaite simplement rappeler la position de la France : 

– pas de tabou sur la reconnaissance de l’Etat Palestinien ; 

– soutien de longue date à une solution politique à deux États ;

Mais la question aujourd’hui, c’est : qu’est ce qui est utile ? Est-ce que le fait que certains pays aient reconnu l’Etat palestinien a changé quoi que ce soit à la situation sur place pour le moment ? Non. 

Aujourd’hui, ils ont besoin d’un cessez-le-feu et d’une aide humanitaire, politique et diplomatique. 

Et contrairement aux insinuations, contrairement aux mensonges de ceux qui confondent Israël et Nethanyaou, de ceux qui parlent d’antisionisme pour mieux dissimuler leurs intentions : 

  • Qui a été le premier pays occidental à larguer de l’aide humanitaire au-dessus de Gaza ? C’est la France. 
  • Qui a été le pays qui a déployé un de ses navires, le Dixmude, au large de Gaza pour soigner des blessés ? C’est la France. 
  • Qui a été le pays à la manœuvre pour permettre le passage d’une résolution à l’ONU appelant au cessez-le-feu immédiat ? C’est la France. 
  • Qui est le pays qui travaille avec les acteurs régionaux pour obtenir ce cessez-le-feu et la libération de tous les otages ? C’est la France. 

Nous n’avons aucune opposition à l’existence d’un état Palestinien. Mais en quoi ce vœu va-t-il aider un seul instant les civils palestiniens à Gaza ? 

Vous le savez, on ne peut réellement reconnaître un état sans gouvernement. Défini lors de la conférence de Montevideo de 1933, un Etat se reconnaît conditionnellement par différents critères matériels : des frontières, une population, un gouvernement. Si on reconnaît, on devra traiter avec le gouvernement officiel de l’Etat. La position constante de la France est bien de reconnaître les états, et non les gouvernements. On devra donc reconnaître l’actuel gouvernement du Fatah, déconsidéré et corrompu.

Le 18 avril 2024, la France a voté en faveur de l’entrée de la Palestine à l’ONU – résolution présentée par l’Algérie. Les Etats-Unis ont mis leur veto. Il s’agissait de favoriser une transition nécessaire : entrée à l’ONU, puis reconnaissance comme Etat par la France. Pourquoi ? Pour favoriser une évolution progressive de l’autorité palestinienne lui permettant de devenir un véritable gouvernement démocratique exerçant son autorité sur son territoire.

Plutôt que d’appeler à la reconnaissance précipitée alors même qu’on sait qu’il y aura veto Américain, appuyer la demande d’entrée à l’ONU, qui permettra la transition vers un véritable Etat démocratique et souverain, que la France reconnaîtra dans un second temps.

Il est plus que jamais urgent pour la France de rappeler que la lutte pour les valeurs démocratiques et contre la corruption endémique est indissociable de celle pour la libre détermination des Peuples ; la seconde sans la première n’est qu’une coquille vide.

Je vous remercie.