Conseil municipal du 11 octobre 2024
Conseils de quartiers lillois
Madame le Maire, chers collègues, cher Sébastien Duhem,
Pourquoi intervenir sur une délibération d’apparence banale, voire routinière ? Un simple ajustement de la liste des conseillers de quartier ?
Ce qui interpelle dans les informations fournies, c’est le nombre élevé de démissions et de postes non pourvus. Les déménagements et convenances personnelles ne peuvent expliquer à eux seuls ces chiffres.
Des remontées inquiétantes nous parviennent de presque tous les quartiers quant à l’évolution de la démocratie participative à Lille. Ayant été moi-même conseiller de quartier pendant plus de 15 ans, j’ai pu la pratiquer en en constatant les forces et faiblesses.
Il fut un temps où Lille se targuait d’avoir “une démocratie d’avance”. Aujourd’hui, c’est devenu presque aussi crédible que d’affirmer avoir un métro d’avance.
Il fut un temps où tous les présidents et présidentes de conseils de quartier y résidaient ou au minimum avaient un lien fort avec celui-ci. Malgré toutes leurs qualités personnelles, les présidents et présidentes délocalisés ne peuvent avoir le même poids.
Il fut un temps où les conseillers de quartier avaient une capacité d’auto-saisine sur des sujets les concernant et étaient soutenus en ce sens.
Il fut un temps où les taux de présence atteignaient 90% dans plusieurs quartiers.
Il fut un temps où les comptes-rendus mentionnaient nominativement les prises de parole et reconnaissaient ainsi le travail de chacun.
Il fut un temps où les conseillers pouvaient aborder des questions diverses sans devoir prévenir 7 jours à l’avance, ce qui n’est pas toujours possible.
Il fut un temps où les conseillers du collège politique avaient les mêmes droits et devoirs que leurs collègues et la même reconnaissance.
Il fut un temps où les nouveaux habitants bénéficiaient d’un accueil décentralisé dans leur quartier, permettant ainsi notamment une meilleure connaissance du rôle et des activités du conseil de quartier.
Certes, tout n’était déjà pas parfait, loin s’en faut, mais les conseillers se sentaient utiles et reconnus. Aujourd’hui, beaucoup se plaignent que leurs propositions ne soient pas entendues, ni même étudiées, si modestes soient-elles, en particulier en termes de cadre de vie.
Dans beaucoup de quartiers, la prise en charge des projets et actions est encore assuré par un petit noyau de conseillers très investis, souvent anciens, mais qui se sentent fatigués et constatent à regret que la machine est grippée.
Sur des sujets structurants, les conseillers de quartier ne sont plus consultés, ni même informés, et parfois l’on se demande si les présidents de quartier le sont aussi. Certains conseillers – ils sont bénévoles rappelons-le – jettent l’éponge, et nous envoient leur témoignage. Regardez franchement le turn-over et les postes vacants. Les conseillers de quartier ne peuvent plus ainsi jouer leur rôle d’habitants médiateurs. La mise en place chaotique des points d’apport volontaire en est un bon exemple. On nous objectera que personne n’en veut juste à côté de chez soi, mais on pourrait au moins réellement consulter avant de décider. Idem sur la suppression du stationnement bilatéral sans aucune concertation ou même information du conseil de quartier.
Il est encore temps de revenir à de meilleures pratiques. C’est indispensable sous peine de décourager la participation citoyenne. Et pas forcément besoin pour cela d’une nouvelle modification du règlement. Plutôt de meilleures pratiques. Je reste à votre disposition pour en parler plus longuement.
Je vous remercie.
Emmanuel Chatelain