Conseil Municipal

Sonia Dahmani

Conseil municipal du 7 février 2025

Voeu de soutien à Maître Sonia Dahmani

Madame le Maire, Chers collègues ;

Assis où nous sommes à cet instant, peu d’entre nous, aucun peut-être, ne peut imaginer ce que subit depuis plusieurs mois l’avocate Tunisienne Maître Sonia Dahmani, défenseuse des Droits humains emprisonnée à ce titre dans son pays.

Ecoutons donc ce que nous en disait sa sœur, le 24 janvier, alors qu’elle était reçue par les avocats Lillois, lesquels l’ont élue membre d’honneur de leur Barreau au mois de novembre dernier.

Maître Dahmani, avocate et journaliste, a commis l’imprudence de critiquer le gouvernement de son pays sur les ondes télévisées de la chaîne Carthage +. Réfugiée avec quelques proches dans les locaux de l’Ordre des avocats de Tunis, elle y fut enlevée le 11 mai dernier par des hommes armés, vêtus en civil, qui s’y étaient introduits pas la violence. Le 13 mai, alors qu’elle demeurait introuvable, un magistrat a ordonné sa détention provisoire dans une prison proche de Tunis.

Enfermée avec d’autres femmes détenues, elle a l’interdiction de communiquer avec elles ; ses codétenues l’ont d’ailleurs supplié de n’en rien faire, car il leur faudrait la dénoncer.

Alors qu’elle devait faire ses besoins à même le sol, la mobilisation de ses 14 avocats Tunisien, suivie de celle d’autres venus du monde entier, a permis d’obtenir qu’un trou y soit creusé.

Maître Dahmani n’est nourrie que par les aliments apportés par sa famille quotidiennement ; les visites étant prohibées le week-end, elle est privée de nourriture deux jours par semaine. La nourriture doit être froide, ni salée ni épicée, faute de quoi elle est jetée au sol par ses gardiennes.

La température, dans cette prison vétuste, varie de 50 degrés l’été au gel pendant la saison hivernale. Elle ne peut se doucher qu’à l’eau froide, et n’a pas eu accès à un miroir depuis 9 mois.

Soumise à ces conditions de détention, Maître Dahmani a développé un diabète dont le traitement lui est interdit, provoquant notamment une insensibilité de l’extrémité des doigts dénommée paresthésie.

Condamnée à deux reprises pour des critiques du régime Tunisien, d’abord un an ramenés à 8 mois en appel, puis deux ans d’emprisonnement ramenés à18 mois en appel, elle n’a pu assister à son dernier procès en appel, bien qu’ayant accepté l’exigence de ses geôliers de se vêtir selon une coutume religieuse, la fouille au corps, comprenant plusieurs viols, ayant été prolongée jusqu’à ce que sa comparution fût impossible.

Prenant la suite des avocats de notre ville, défenseurs de nos libertés démocratiques, nous sommes fiers, membres du conseil municipal de Lille, de réaffirmer notre attachement indéfectible aux valeurs républicaines et démocratiques, ainsi que notre soutien aux défenseurs des libertés partout dans le monde ; d’affirmer notre soutien à Maître Sonia Dahmani, et de condamner avec force la répression dont elle est victime ; et d’honorer son engagement en lui adressant officiellement un message de solidarité et de soutien, et en mobilisant les moyens de la Ville pour faire connaître son combat et sensibiliser l’opinion publique à sa situation.