Conseil MunicipalCULTURELille

Jumelage avec Safed

Conseil municipal du 20 juin 2025

Chers collègues,

Nous souhaitons ici exprimer notre profonde réserve face à la proposition d’EELV concernant la rupture de jumelage entre Lille et la ville de Safed, en Israël.

  1. NON – Supprimer ce jumelage avec Safed, c’est aller vers la division, c’est dire aux habitants de cette ville de se débrouiller seuls avec leur gouvernement autoritaire, et avec un premier ministre cerné par sa propre justice, promis selon toutes les enquêtes d’opinion à une inéluctable défaite, qu’il tente de retarder en multipliant les massacres. Pourtant,  Safed n’est pas n’importe quelle ville. C’est une ville marquée par une histoire tragique, notamment le massacre de Ma’alot en 1974, où 31 personnes, dont 22 enfants, ont été tuées dans un attentat du Front Démocratique de Libération de la Palestine (FDLP). Cette mémoire douloureuse, partagée par les habitants de Safed, ne doit pas être effacée par des décisions politiques. Safed est aussi la ville natale de Mahmoud Abbas, l’actuel président de l’Autorité palestinienne. Si suspendre un jumelage peut se concevoir dans certains contextes, comme actuellement avec le Maire et ses positions inacceptables, supprimer un tel lien n’envoie qu’un signal qui pourrait renforcer les fractures plutôt que d’apaiser les tensions.

    Les populations de Safed, comme celles de tout autre endroit, ne sont pas responsables des choix de leurs dirigeants. La rupture des liens avec la société civile de Safed, qui elle aussi souffre des conséquences des politiques menées, serait contreproductive. Ne devrions-nous pas, au contraire, encourager le dialogue plutôt que de fuir ce qui nous divise ?
  2. OUI – Nous soutenons, en revanche, l’appel à la reconnaissance de l’État de Palestine par le gouvernement français.
    Une solution à deux États est l’unique voie pour parvenir à une paix durable et juste. La reconnaissance de l’État de Palestine est un geste fort pour accompagner cette démarche de dialogue, afin de favoriser une coexistence pacifique entre Israël et la Palestine. Nous devons redire l’urgence de mettre fin au massacre des populations palestiniennes et d’agir face à un drame humanitaire d’une ampleur inouïe. Cela passe par une action internationale pour garantir la protection des civils et le respect du droit international humanitaire. La France, fidèle à ses principes, comme notre Ville de Lille l’a fait au dernier Conseil Municipal, doit continuer à dénoncer ces violences et à soutenir les efforts visant à instaurer une paix juste et durable, dans le respect des droits de toutes les populations concernées.
  3. NON à l’idée d’un nouveau jumelage avec une autre ville israélienne, conditionné par le rétablissement du respect du droit international et des droits fondamentaux du peuple palestinien. Nous devons faire preuve de pragmatisme et de discernement dans la gestion des relations internationales de notre ville. Une telle condition de « rétablissement » avant toute nouvelle coopération pourrait n’apporter que des divisions supplémentaires. L’objectif doit être avant tout de promouvoir les échanges culturels et humains, en permettant à nos villes de se retrouver autour d’un même engagement pour la paix. Nous ne voulons pas fragiliser une politique globale de jumelages déjà très timide à Lille, en rompant brutalement le jumelage équilibré depuis près de 30 ans avec une ville israélienne et une ville palestinienne, Naplouse.

Je tiens à rappeler que des maires responsables, comme Pierre Hurmic à Bordeaux ou Éric Piolle à Grenoble, ont choisi de maintenir leurs jumelages avec des villes israéliennes, malgré les différences de politique, pour encourager le dialogue et la coopération plutôt que de céder à des pressions idéologiques. Enfin, permettez-moi de citer Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg, qui a exprimé une vision équilibrée et réfléchie sur la question :
« Strasbourg est jumelée avec une ville israélienne et également avec un territoire palestinien. Et je pense que ça fait sens et ça ne devrait pas faire polémique. »

Chers collègues, la politique étrangère se joue dans les forums internationaux, mais ici, au niveau local, notre responsabilité est de favoriser le dialogue, la coopération, et l’empathie. Nous ne devons pas céder à des postures idéologiques divisant, mais au contraire, renforcer les liens humains et diplomatiques.

Je vous invite donc à réfléchir sur l’impact de cette décision sur l’image de notre ville, sur ses valeurs, et sur les ponts que nous devons continuer à bâtir, y compris avec ceux avec qui nous ne sommes pas toujours d’accord. 

Nous voterons CONTRE cette motion, par respect pour le Peuple de Palestine, par soutien à l’existence d’Israël, refuge ultime d’un Peuple assassiné et par soutien à la reconnaissance de l’État de la Palestine.

Au nom même de ce que cette motion promeut : l’égalité des Peuples, et leur Liberté.

Je vous remercie.