Conseil Municipal du 10 octobre 2025
Monsieur le Maire, chers collègues,
L’encadrement des loyers, parlons-en donc. Et bien s’il est bien pensé, clair, prévisible, s’il est bien calibré c’est, nous en sommes d’accord, une mesure de régulation juste, juste socialement, essentielle parce que oui, le logement pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages, bien plus lourd que pour les générations précédentes. Oui, à Lille, le logement est devenu un facteur d’exclusion : les loyers s’envolent, l’offre manque, les étudiants et jeunes actifs peinent à se loger, les familles modestes sont repoussées loin du centre.
Les conclusions du rapport parlementaire du 24 septembre dernier rejoignent celles du baromètre de la Fondation pour le logement : l’encadrement des loyers a bien produit des effets positifs sans, et ça c’était évidemment essentiel pour nous de le vérifier, sans réduire l’offre locative globale. Ces parlementaires recommandent donc, à juste titre, de pérenniser le dispositif au-delà de 2026, de renforcer son contrôle, pour qu’il soit plus crédible, et surtout d’améliorer la qualité des données servant à fixer les loyers de référence.
Et c’est bien là l’enjeu critique pour Lille et la MEL. De nombreux propriétaires privés se retirent de l’investissement locatif, estimant que les loyers encadrés sont fixés en dessous du niveau de remboursement de leurs prêts. Il faut s’interroger sur la méthode d’établissement de ces loyers de référence par la MEL : quelles données sont réellement prises en compte ? Les loyers réglementés – de type Pinel ou Loc’Avantage, qui sont volontairement inférieurs au marché – ne viennent-ils pas fausser les moyennes ? Car ces loyers, rappelons-le, sont abaissés en contrepartie d’un avantage fiscal. Ils ne reflètent donc ni le marché réel, ni la rentabilité réél d’un bien. Les intégrer dans nos calculs c’est tirer artificiellement les loyers médians vers le bas, ce qui finit par décourager les bailleurs privés d’investir ou de rénover leurs logements. Car, que ce soit bien clair, ns ne partageons ni le dogme de l’argent magique, ni celui du tout public : sans les investisseurs privés, ce sont encore moins de logements rénovés, encore moins de biens remis sur le marché, et une tension accrue pour les locataires.
Donc, pour que le prix de référence soit justement évalué, il faut qu’il soit le fruit d’une réelle concertation et d’un travail commun avec les experts de l’immobilier dans notre métropole, qui disposent d’une connaissance fine du marché, des loyers pratiqués et des évolutions selon les quartiers. Leur participation est indispensable rester ancré dans la réalité, et non dans une moyenne statistique déconnectée.
Un loyer encadré doit être un repère fiable et juste pour le marché, ni trop bas pour bloquer l’investissement, ni trop haut évidemment, pour protéger ceux qui louent, et qui d’ailleurs, pour une partie d’entre eux, aspirent à devenir enfin propriétaire, dans un contexte national où l’accession à la propriété est objectivement de plus en plus dure.
Nous soutenons donc le vœu proposé ce soir au conseil municipal, mais que ce soit bien clair : nous appelons la MEL et la Ville de Lille à être extremement vigilantes sur la méthode, afin que le prochain cadre soit bien ajusté à la réalité du marché local, exclue les loyers réglementés fiscaux, et garantisse un équilibre entre justice sociale et attractivité du parc locatif privé. C’est à ces conditions que l’encadrement des loyers sera efficace, équitable et durable.
Je vous remercie.