Conseil Municipal

Commerçants

Conseil Municipal du 10 octobre 2025

Monsieur le Maire, chers collègues,

Nous voterons favorablement cette délibération, car ces subventions soutiennent nos unions commerciales locales – du Vieux-Lille à Wazemmes, de Gambetta à Saint-Maurice Pellevoisin, de Fives à Hellemmes et Esquermes.
Ces commerçants, bénévoles et acteurs de terrain font preuve d’une énergie admirable, animant leurs rues malgré les difficultés, les charges, les travaux et la baisse de fréquentation.
Je veux leur dire ici ma reconnaissance et mon respect pour leur ténacité.

Mais, une fois encore, soyons honnêtes, sur le commerce, vous êtes à côté de la plaque.

Pendant que nous votons quelques milliers d’euros pour des Pères Noël, des fanfares et des guirlandes, le commerce lillois s’effondre.

Les exemples récents sont accablants :

  • Les boutiques et restaurants ferment avec regrets et émotions, comme il y a 3 jours Le Tendre ferme, étranglé par les loyers et les charges,
  • Grand Scène, rue de Béthune, a fermé ce samedi, après des mois de cri d’alerte
  • Le Bistrot de Saint-So a cessé son activité après 17 ans d’existence, avec un modèle économique insoutenable et mal accompagné
  • et Chaud Bouillon à Fives, symbole du renouveau culinaire populaire, est depuis quelques mois placé en redressement judiciaire.

Partout, des rideaux se baissent.
Les commerces vacants dépassent 13 % dans certains quartiers, les restaurateurs tirent la sonnette d’alarme, et les artisans, épuisés, parlent tous de rupture de confiance avec la Ville.

La situation est dramatique. Et pendant ce temps, la majorité municipale reste dans la communication : Des courriers à Matignon, des vœux pieux sur l’encadrement des loyers commerciaux… mais aucune mesure concrète.

Face à ce désarroi, une pétition citoyenne et commerçante pour un encadrement juste des loyers commerciaux à Lille a réuni plus de 3 000 signataires en quelques semaines.
C’est un signal fort, une mobilisation inédite : les Lillois veulent que leur centre-ville reste vivant, divers, accessible, concurrentiel.

Car la vérité, c’est que nous sommes en train de perdre la bataille du commerce.
Nos commerçants ne peuvent plus rivaliser avec Gand, Anvers, Bruxelles, Paris, où les politiques d’attractivité, de mobilité et de soutien à la diversité commerciale sont autrement plus ambitieuses.

Lille, avec sa rue Pierre Legrand, sa rue du Faubourg des postes, sa rue Gambetta, ses rues Neuve et de Béthune, était autrefois une ville commerçante modèle, et dans tous ses quartiers. Ces mêmes quartiers, ils se sentent aujourd’hui abandonnés.

Depuis 2020, avec le groupe Faire Respirer Lille, nous proposons la création d’une foncière municipale commerciale, un outil essentiel pour réguler les loyers et sauver nos commerces indépendants. Vous n’avez rien lancé en ce sens. Vous avez perdu cinq ans.
Aujourd’hui, Lille est la dernière de la classe, alors que 56 foncières publiques ont déjà vu le jour dans d’autres villes – Valenciennes, Dunkerque, Amiens, Lyon, Toulouse, Paris, et même dans des capitales européennes comme Barcelone, Rome, Berlin, Amsterdam, Milan ou Bruxelles.

Ces villes agissent, elles protègent leur patrimoine commercial et leur identité urbaine. Ici, rien n’avance.

Je vous le redis : il faut un plan d’urgence pour le commerce à Lille.
Avec des mesures simples et justes :

  • Assurer l’accessibilité du centre-ville avec des Transports en communs moins chers et efficaces, des parking relais nombreux, une tarification de stationnement adaptée
  • Assurer la sécurité des commerces et leurs clients avec la vidéoprotection et une présence renforcée de la police
  • Assurer la propreté de Lille, de la gare à tous les commerces : une ville marchable, agréable pour que les clients reviennent à Lille
  • Proposer des outils de dynamisation commerciale pour ceux qui veulent s’installer :  un bail social commercial, une foncière municipale, des services municipaux facilitateurs et accueillants pour les démarches administratives.

Enfin, je vous proposerai de vous joindre à moi, par la voix des parlementaires de vos groupes respectifs, qui n’ont pas, il me semble à jour, mené d’action législatives en faveur du commerce de proximité.

Nous devons au national unir nos forces, en transpartisan, pour :
Taxer les locaux vacants après six mois d’inoccupation,
Plafonner durablement l’indice de révision des loyers commerciaux.

Monsieur le Maire, il ne s’agit pas de nostalgie. Il s’agit de sauver la vitalité économique et sociale de Lille, son identité, son originalité, cette mixité unique qui fait sa richesse.

Il est encore temps d’agir, mais le temps presse.
Et aujourd’hui, la responsabilité politique de ce déclin, elle est ici, dans cette assemblée.