Conseil Municipal

Canaux

Conseil Municipal du 12 décembre 2025

Monsieur le Maire, chers collègues,

Dans un premier temps, nous serions tentés de dire “enfin ! ” face à une situation qui n’a que trop duré, dans ce secteur des anciens abattoirs tout proche de l’avenue du Peuple-Belge, artère majeure et historique appelée à une requalification, ainsi que du secteur du jardin écologique et de la poterne.

L’idée de demander une remise en état avant rétrocession à l’euro symbolique pourrait, à première vue, apparaître comme astucieuse tant pour faire avancer le dossier que pour les finances de la ville.

Cependant, l’examen attentif du protocole d’accord suscite davantage de craintes que d’espoir.

En premier lieu, le choix délibéré et sans débat préalable d’une végétalisation par comblement des bassins appelle les remarques suivantes :

  • premièrement, cette végétalisation de substitution constitue un recul par rapport aux ambitions du projet initial. Certes, ce projet a été critiqué par certains pour son caractère de pastiche. Mais c’est précisément ce qui a fait son attrait, les acquéreurs ayant été séduits tant par l’architecture des bâtiments que par la présence de l’eau à 2 pas de l’avenue du Peuple-Belge et de la promenade du préfet, donnant lieu à la naissance d’un véritable quartier qui, s’il est lui aussi atteint par des problèmes de délinquance, reste très agréable à vivre ;
  • deuxièmement, “ces bassins n’ont jamais fonctionné”, et alors ? Lille serait-elle atteinte d’une malédiction qui fait qu’il n’y aurait aucun moyen de faire fonctionner des bassins de faible profondeur ou des miroirs d’eau. De nombreuses villes y parviennent très bien en France ou en Europe, et par des climats très variés ;
  • troisièmement, à l’heure où Renaissance du Lille Ancien demande un moratoire sur les aménagements de l’Avenue du Peuple-Belge, le secteur doit être étudié dans sa globalité, tant dans les secteurs bâtis que du côté des espaces naturels tout proches et enfin appelés à retrouver des usages positifs. Rappelons au passage que les scénarios 3 et 4 de la consultation sur l’avenir du secteur, qui prévoyaient une véritable remise en eau, étaient majoritaires dans les votes des habitants, sans même y ajouter le scénario 2 où l’eau était un alibi.

Le second motif de crainte concerne les prescriptions contenues dans le protocole d’accord, susceptibles de provoquer des litiges futurs en raison de difficultés techniques rencontrées, inévitables dès lors que l’on modifie en profondeur la configuration des lieux. Bien sûr, il y aura une phase d’étude, mais elle n’empêchera pas les difficultés techniques, d’ailleurs l’hésitation rédactionnelle est nettement perceptible, en particulier lorsque l’on évoque le sort du fond des bassins et les aléas pour retrouver la pleine terre sur tout le linéaire ou seulement là où seraient implantées des fosses. Idem quand on craint que la suppression de la dalle béton du fond des bassins ne viennent fragiliser les murs de quais.

Que se passera-t-il si l’ASL réalise les travaux à l’économie ? Les process de validation ne permettront pas nécessairement de détecter les vices éventuels. Nous n’avons nullement envie de revivre un dossier comparable à celui des façades de l’extension de l’Hôtel de Ville.

Un autre détail illustre le caractère potentiellement bancal de l’opération. Il est précisé à l’article 3 “condamner le passage sous la passerelle du bassin nord”. Finalement, on chasserait l’eau sous prétexte du caractère non authentique des bassins mais on maintiendrait une passerelle qui n’enjamberait que de la terre ? On passerait ainsi d’un pastiche à un pastiche de pastiche : tout ça pour ça ?

Vous l’aurez compris, nous ne pouvons, en l’état, voter cette délibération qui génère beaucoup trop d’incertitudes pour l’avenir de ce secteur.

Je vous remercie.