Alors qu’Eldorado, la nouvelle saison des festivités culturelles lilloises, est lancée sous le regard d’un monde politique béat, d’une presse très complaisante et sans avoir été précédée d’un grand débat démocratique, il est temps de s’interroger : Lille3000 répond-elle aux enjeux de la métropole lilloise ? Rien n’est moins sûr, estime Thomas Werquin (1).
Les politiques culturelles ont abandonné toute ambition culturelle
Sur la Métropole Lilloise comme dans sa région, il n’y pas de guerre, mais une société fragmentée où l’extrême droite devrait encore faire malheureusement un carton lors des prochaines élections. Comme les guerres, l’intolérance, l’homophobie, l’antisémitisme, le racisme et toutes les formes de xénophobie naissent aussi dans l’esprit des hommes, c’est donc par l’éducation, la pédagogie et la culture qu’il faut agir. La culture est indéniablement un moyen de porter un regard neuf et vrai sur ceux qui nous entourent pour dépasser les préjugés.
Comment peut-on vivre ensemble, comment nos habitants peuvent-ils porter un regard positif et fier sur eux-mêmes et sur les autres, s’ils ne se connaissent pas ou, pire, si cette connaissance n’est faite que de caricature, de regards superficiels ou de mépris ? Les politiques culturelles ont abandonné toute ambition culturelle. Pourtant, de la même manière que nous parlons de l’urgence climatique, il y a également une urgence culturelle. Cette urgence n’est pas celle des paillettes et de la fête, bien présentes dans la succession d’évènements Lille3000, mais celle de la connaissance mutuelle, qui permet à chacun d’apprécier la qualité et la condition de l’autre pour ensuite mieux l’accepter. L’urgence est d’ancrer une culture partagée, curieuse, durable, chez chacun d’entre nous.