Conseil Municipal

Vidéoprotection

Conseil Municipal du 10 octobre 2025

Monsieur le Maire, chers collègues,

Ce soir, enfin, nous abordons un sujet essentiel : l’efficacité des caméras de vidéoprotection à Lille, reliées 24h/24 à notre centre de supervision urbain.

Un rapport d’évaluation était attendu depuis des mois. Présenté en mai au comité d’éthique, sans qu’aucun document ne soit remis aux élus. Non présenté au conseil municipal de juin. Non communiqué aux conseils de quartier.

Bref, un rapport qu’il a fallu réclamer, alors qu’il aurait dû être rendu public naturellement.
Peut-être, tout simplement, parce qu’il est difficile à assumer pour certains groupes farouchement opposés à la vidéoprotection. Et pourtant…


Des résultats clairs et positifs

Les chiffres sont là. Les premières 50 caméras déployées dès 2021, puis les 169 actuellement installées, ont produit des effets mesurables et positifs.

La vidéoprotection à Lille, rappelons le aux Lillois, c’est : c’est 1 intervention sur 4 des policiers désormais déclenchée grâce au visionnage en direct, c’est plus de 100 réquisitions d’images par mois par la justice pour les enquêtes, et c’est précieux pour les hommes et les femmes envoyées sur le terrain. 

Et cela uniquement sur moins d’un 10ème du territoire de Lille Hellemmes Lomme ! Imaginez si vous aviez fait comme toutes les grandes villes de France, et équipé largement nos rues depuis 2020, l’efficacité aurait été décuplée ! 

J’ai ce soir une pensée particulière pour les habitants de nos quartiers, qui souffrent quotidiennement de l’insécurité et m’ont écrit en amont de ce conseil Municipal

  • En centre-ville, place Richebé, aux abords des petits supermarchés de quartier, sur la Grand Place même, en terrasse, ce sont les squatteurs et la mendicité agressive qui nous sont de plus en plus souvent signalés. Moins de tranquillité, et moins d’attractivité de notre cœur de ville. Un réel épuisement de nos concitoyens face à cette insécurité permanente.
  • Dans le Vieux-Lille, près de la porte de Gand, où une pétition a été lancée il y a quelques semaines par une habitante, victime d’agression et de cambriolage/ Elle alerte sur la dégradation rapide de la situation, où riverains et commerçants dénoncent une présence constante de prostitution, de trafics et de consommation de drogue, des cambriolages répétés, des agressions sur les terrasses, ainsi que des dépôts de déchets et résidus dangereux. 
  • A Saint-Maurice Pellevoisin, où interpellée dans au Square de l’Ermitage, j’ai rencontré les habitants qui dénoncent depuis plusieurs mois une insécurité persistante : vols, cambriolages, incendies de véhicules, nuisances nocturnes. 
  • À Fives ou à Moulins, ce sont des mères de familles, des jeunes étudiantes qui nous demandent d’agir pour faire en sorte qu’elles arrêtent d’avoir peur le soir pour aller jusqu’à la station de métro où rentrer chez elle.
  • Et tragiquement, dans la nuit du 29 au 30 septembre 2025, un employé de supérette du quartier Lille-Sud a été abattu d’une balle derrière son comptoir, rue du Faubourg-des-Postes.

Alors je vous le dis, attention : les chiffres officiels, que vous brandissez fièrement sur une baisse de la délinquance de voie publique, à Lille cachent d’autres réalités qu’il ne faut pas oublier.
1. Lille a une insécurité toujours bien plus élevée que dans d’autres grandes ville

2.  Beaucoup d’habitants et des commerçants, découragés, ne portent même plus plainte, voyant se multiplier les classements sans suite et la relaxe des agresseurs. Attention donc à se contenter de chiffres de la Police National, car partout à Lille, je suis sollicitée par ceux qui n’en peuvent plus.  Restons prudents et humbles face à ces premiers résultats, et considérons plutôt que c’est une validation de la conviction que je porte avec Faire Respirer Lille depuis 2019 : il faut d’urgence déployer la vidéoprotection partout à Lille. 

Car on le sait, les caméras sont devenues indispensables aussi pour sécuriser nos grands événements — matches, braderies, manifestations —, pour soutenir les équipes sur le terrain et accélérer les enquêtes judiciaires.

Une évaluation… mais un déploiement stoppé

Contrairement à ce que vous prétendez, cette évaluation n’a rien d’unique.
Nice, par exemple, a mené en 2022 un travail similaire : évaluation du centre de supervision, du maillage, des usages opérationnels et de l’impact sur la délinquance — avec transparence et suivi public.

Ce qui est fou dans votre démarche, c’est que sous prétexte de vouloir évaluer vous-mêmes, au lieu d’aller vers plus de transparence et d’action vous avez stoppé tout le déploiement des caméras.

Votre rapport est entaché de ce à quoi il vous a surtout servi : un alibi pour arrêter d’installer la vidéoprotection, partout où elle manque encore, parce que vous n’en voulez pas vraiment, parce que vous n’êtes toujours pas au clair. En choisissant délibérément de vous arrêter à 169 caméras, vous avez continué à faire perdre des chances aux Lillois de vivre dans une ville plus tranquille. 

Un retard criant

En 2024 : suspension totale des installations. Un choix incompréhensible, alors que les besoins sont immenses.
Un choix qui a affaibli la confiance des Lillois, brouillé la stratégie municipale et fait perdre encore du temps à notre ville.
Aujourd’hui, Lille, Lomme et Hellemmes comptent 169 caméras,
Là où le besoin réel est évalué à bien plus de 1 000 caméras.
Le retard est immense.

Retard immense en nombre d’équipement et en périmètre couvert (je pense aux habitants de Lomme rencontrés la semaine dernière, d’une petite rue résidentielle, qui voient leurs maisons visitées sans qu’il n’y ait de patrouille de police).

Retard immense en matière de technologie : là où les villes innovent, avec des caméras pilotables à 360 degrés, des équipements à réalité augmentée, là où elles peuvent prévoir les flux et mouvements de foule grâce à la géolocalisation et à l’intervention en direct…. Lille recule?.

Les technologies de vidéoprotection ont considérablement évolué. Aujourd’hui, les grandes villes utilisent des caméras dites “augmentées”, capables de détecter automatiquement des comportements inhabituels, des attroupements, des chutes ou des objets abandonnés. La lecture automatique des plaques d’immatriculation permet d’agir contre les vols, de gérer le stationnement ou de contrôler l’accès à certaines zones. L’analyse algorithmique aide à repérer les infractions routières, les dépôts sauvages ou les dégradations de l’espace public. Le traitement en temps réel, désormais possible grâce à l’intelligence artificielle et au “edge computing”, permet des interventions plus rapides et mieux coordonnées entre police municipale, nationale et services de secours. Ces innovations montrent qu’une vidéoprotection moderne peut être à la fois efficace, éthique et au service de la tranquillité publique.


La vidéoprotection n’est pas l’ennemie des libertés

Non, la vidéoprotection n’est pas un “monstre de surveillance généralisée” — à condition de respecter le cadre légal.
Oui, c’est un outil d’aide à la décision, à la preuve et à la sécurité.
Oui, c’est un levier puissant contre les délits routiers, pour la gestion des grands événements, et même pour les secours et les douanes.

Et parce qu’elle sert à tout cela, l’État et l’Europe la cofinancent généreusement — des subventions que la Ville, aujourd’hui, ne va pas chercher.

Notre demande

Face à une insécurité encore trop élevée, nous vous demandons de relancer immédiatement le plan de déploiement de la vidéoprotection :

  • avec des priorités claires et partagées,
  • une co-construction avec les conseils de quartier et le commissariat central,
  • et un calendrier précis, zone par zone.

La responsabilité du Maire

La sécurité du quotidien, ce n’est pas à Paris que cela se décide.
C’est ici, dans le bureau du Maire.
C’est lui qui dispose du pouvoir de police,
C’est lui qui fixe les missions de la police municipale,
C’est lui qui choisit son niveau d’effectifs et d’armement.

Les Lillois attendent aujourd’hui une Maire qui assume cette responsabilité, et qui déploie enfin une véritable stratégie municipale de sécurité, coordonnée chaque jour avec la police nationale et la justice.