Conseil Municipal du 10 octobre 2025
Monsieur le Maire, chers collègues,
Le rapport 2024 traduit un effort sérieux qu’il faut reconnaître.
En 2024, la Ville a instruit 374 demandes d’autorisations concernant des établissements recevant du public, contre 327 en 2023. Même si cela entre dans le cadre d’une obligation réglementaire c’est un signe encourageant.
Dans le cadre de l’Agenda d’Accessibilité Programmée, la Ville a aussi engagé près de 1,9 million d’euros de travaux, contre 660 000 euros en 2023. Là encore, c’est une progression nette.
Sur le quotidien des familles, des efforts sont également visibles avec d’avantage d’AESH mobilisés et une première vague de formation pour nos agents.
Dans le sport, nous passons de 185 sportifs en situation de handicap accompagnés en 2023 à près de 300 en 2024, avec un appui pour le haut niveau
En matière de mobilité, notre territoire compte désormais 964 places PMR. C’est une progression par rapport aux années précédentes avec une quinzaine de places supplémentaires entre 2022 et 2024 – mais nous restons en dessous du seuil réglementaire de 2 %, ce qui montre que l’effort doit être poursuivi.
Je veux aussi saluer un exemple concret : en 2024, 28 feux tricolores ont été rendus accessibles, équipés de dispositifs sonores pour les personnes malvoyantes. C’est un progrès utile. Mais quand on sait qu’il y a plusieurs centaines de feux sur notre territoire, cela montre aussi l’ampleur du travail qui reste à accomplir.
Tous ces chiffres traduisent un effort réel, et je veux le souligner.
Mais l’accessibilité, ce n’est pas seulement un rapport annuel, ce n’est pas seulement un « Printemps de l’accessibilité ». Ces rendez-vous sont utiles, mais l’accessibilité, c’est surtout au quotidien et du quotidien.
Et le quotidien, ce sont aussi des réalités simples :
- dans nos rues, quand des containers encombrent les trottoirs et obligent les personnes en fauteuil ou les malvoyants à slalomer,
- ou encore quand des réseaux d’assainissement mal conçus ou mal entretenus forcent les piétons à contourner une flaque. Une personne voyante s’adapte ; une personne malvoyante, elle, avance sans savoir qu’elle aura les pieds dans l’eau.
De la même manière, lors de la commission lille ouverte à tous plusieurs associations ont regretté que les projets culturels et festifs leur soient présentés a posteriori. La Ville a reconnu ce manque et s’est engagée à associer les acteurs dès la conception des programmations. Car le problème n’est pas que l’accessibilité ne soit pas pensée : elle l’est par les services. Mais elle doit être vérifiée, enrichie et ajustée avec celles et ceux qui la vivent au quotidien.
Et cela vaut aussi pour nos aménagements urbains. Oui, les rues Molinel et Solférino sont belles, refaites avec soin. Mais le sujet n’est pas l’esthétique, c’est l’usage. SOS Piétons et d’autres associations l’ont rappelé : à Molinel, une délimitation au sol ne protège pas ; à Solférino, la cohabitation entre terrasses, vélos et piétons reste confuse. Ces remarques ne visent pas à dénigrer le travail accompli, mais à dire qu’une association plus forte des usagers en amont aurait évité ces difficultés et permis d’investir l’argent public plus efficacement.
Plus récemment, la piétonnisation de la Grand-Place a été une avancée que je salue. La Ville a retenu la règle du “rouler au pas”. C’est compréhensible pour les cyclistes, mais l’essentiel sera de rassurer les piétons, et surtout les personnes en situation de handicap. La bonne réponse, ce sera d’abord de sensibiliser et d’informer pour garantir le respect de l’allure. Mais en cas de non-respect répété, il faudra être intransigeant, car la sécurité doit toujours primer
Ces exemples illustrent un problème de méthode : si nous concevons mal dès l’origine, nous devons corriger ensuite. Et cela signifie pour les habitants une accessibilité compromise, et pour les contribuables un argent public dépensé deux fois.
Enfin, je veux ouvrir une perspective. En 2026, de nouvelles majorités municipales et métropolitaines seront élues. Les prochains grands projets – métro, tramway, requalification d’espaces publics, équipements municipaux – devront s’appuyer sur un véritable contrat d’accessibilité, clair et mesurable. Mais je voudrais aussi rappeler que l’accessibilité, ce n’est pas seulement l’accès physique. C’est aussi penser aux personnes en situation de handicap psychique, souvent isolées, pour lesquelles nos institutions ne mettent aujourd’hui pas assez de moyens. Ces personnes ne doivent pas rester les oubliées de nos politiques publiques. Car au fond, l’égalité ne peut pas être une option : elle doit devenir la règle, partout et pour tous.
Je vous remercie.