Conseil Municipal

Rapport 2919/2020 sur l’accessibilité aux personnes en situation de handicap

Mme le Maire, chers collègues ;

En l’absence de notre collègue Ali Doufi, membre de la commission d’accessibilité, je souhaite tout d’abord féliciter les services de notre commune ainsi que ses élus de ce bilan, qui témoigne des nombreuses actions entreprises chaque année dans tous les domaines de la vie quotidienne des Lillois en situation de handicap. 

Cette volonté ayant figuré dans notre projet municipal, nous ne pouvons que louer chaque amélioration dans les mobilités, l’éducation et la culture. 

Le bilan présenté est également, il faut le reconnaître, le fruit d’une obligation légale de mise en accessibilité des équipements et services publics ; malgré les progrès constatés, le chantier demeure vaste,  notamment au bénéfice des enfants en situation de handicap, dont les parents nous alertent régulièrement sur le manque d’écoute, d’accompagnement, et de solutions individualisées pour l’école, les loisirs et la santé. 

L’isolement reste fort et tout doit être combattu afin d’aider ces familles, plus encore en nos temps de crise sanitaire, économique et sociale. 

Près de 10 % de la population Lilloise a un droit d’accès à la Maison Départementale des Personnes Handicapées, acronyme M.D.P.H. ; l’accessibilité pour tous, c’est tout d’abord l’accessibilité pour les personnes de tous âges en situation de handicap visible ou invisible ; dont aucune ne doit demeurer sur le bas-côté.

A ce titre, si le bilan mérite d’être salué, notre groupe Faire Respirer Lille regrette qu’en début de mandature aucun débat n’ait été organisé réunissant les associations, les parents, les élus et les conseillers de quartier, visant à construire ensemble une politique et fixer des « perspectives handicap » quinquennales, assorties d’objectifs chiffrés, lesquels auraient permis de mesurer les progrès, et de s’inspirer des expérimentations entreprises avec succès dans d’autres villes. 

Une occasion manquée de fédérer et se projeter, sur un sujet qui est totalement transpartisan, et qui s’adresse aux plus fragiles de nos concitoyens. 

Notre Groupe aurait alors été en mesure de formuler plusieurs propositions concrètes, dont certaines ci-après :

1ent – développer le « facile à lire et à comprendre », dit « F.A.L.C. », dans nos bâtiments et autres installations ouverts au public, conformément à l’article 9 – 2 d) de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, qui impose la mise en place dans les bâtiments ouverts au public d’une signalisation en braille et sous des formes faciles à lire et à comprendre, ainsi que de formes d’aide humaine ou animalière et de services de médiateurs, notamment de guides, de lecteurs et d’interprètes professionnels en langue des signes.

2ent – développer un « accessibus » qui rapprocherait les services publics des administrés, voire un accès aux soins dans le cadre d’un « médicobus ».

3ent – développer dans nos mairies de quartier des bornes numériques, qui sans priver nos concitoyens de la qualité d’un accueil physique, fourniraient des informations adaptées aux usagers en situation de handicap (caractères agrandis, sons, indications en braille, couleurs adaptées, etc…

4ent – développer dans chaque quartier la mise en place d’ « ambassadeurs de l’accessibilité » et mieux accompagner les familles dans la prise en charge de leurs enfants.

5ent – enfin, améliorer l’accessibilité des Lillois aux toilettes publiques.

Une commission « accessibilité » existe à l’Assemblée Nationale, qui se penche actuellement sur la question des toilettes publiques ; elle reçoit d’intéressants témoignages, qui devaient interpeller les élus d’une commune de plus de 200.000 habitants où n’existent que 9 toilettes publiques.

La presse elle-même, y compris nationale, s’intéresse désormais à cette question devenue pressante alors que cafés et restaurants sont fermés depuis plusieurs semaines : de toutes nos villes ruissellent des témoignages d’habitants doublement confinés, qui n’osent plus s’aventurer sur la voie publique sans avoir fléché leur parcours, voire plus s’aventurer du tout faute de lieux accessibles. Rappelons pour mémoire que la maladie de crohn, et plus généralement l’ensemble des malades atteints d’inflammation chronique de l’intestin, concerne actuellement 250.000 patients.

Ces questions sont bien connues des autorités scientifiques de notre ville, particulièrement au sein du C.H.U., qui héberge le service spécialisé le plus important de notre pays. Il y aurait donc matière à développer la notoriété et l’attractivité de notre commune au bénéfice des malades et plus généralement de notre population.

Une base de données existe dans notre métropole, alimentée par les utilisateurs eux-mêmes, dont les acteurs associatifs concernés m’ont assuré de la médiocre fiabilité. Leur attente première serait la création d’une application recensant les toilettes publiques, les localisant, indiquant leur caractère gratuit ou payant ainsi que leurs horaires d’ouverture et renseignant sur leur accessibilité à des personnes handicapées.

Dans un second temps, évidemment, la pauvreté en toilettes publiques ainsi devenue criante, la mise en place d’une politique durable d’équipement, scandant chaque rénovation urbaine ou projet urbain nouveau, toujours en lien avec les publics concernés, au plus près d’une population négligée faute de protester bruyamment.

Des conventions « urgence-toilettes », instaurées ici et là, réunissent associations de commerçants et syndicats professionnels, aux termes desquels des bars et brasseries bénéficient de délégations de services publics compensées par l’exonération partielle ou totale des droits de terrasse ; les lieux dépendant de la collectivité sont également ouverts à l’accès du public concerné.

Le sujet s’avère si vaste qu’il me semble qu’aux côtés de la commission Handicap « Lille ouverte à tous » une commission ou sous-commission municipale mériterait d’être mise en place, intégrant chacun de nos courants politiques, qui sauraient dépasser leurs clivages pour ne viser qu’au bien-être « inclusif et co-construit », et principalement les représentants habilités des personnes en situation de fragilité. Soyons-en conscients, à mesure que notre population vieillit les besoins iront croissants, et nul parmi nous ne peut prétendre qu’il n’y sera jamais confronté.

Telles sont les observations et propositions qu’au nom de notre groupe comme en mon nom propre je puis formuler après présentation du rapport.

Je vous remercie.