Conseil MunicipalVidéo

CM/ RAPPORT D’ORIENTATION BUDGETAIRE

Madame le Maire, chers collègues ;

Je vous dois encore un satisfecit : vous savez reconnaître l’action de la Majorité Présidentielle ; comme vous l’écrivez en effet, les politiques monétaires ont été « accommodantes », et la France n’y est pas pour rien quant aux stratégies européennes ; le chômage est contenu et l’emploi salarié connaît une embellie significative, grâce notamment aux premiers effets des politiques entreprises en matière d’apprentissage et de formation, qui permettront de répondre durablement aux difficultés de recrutement signalées dans plusieurs filières. Le Plan « France Relance » de 100 Milliards d’euros soutiendra quant à lui la transition énergétique et numérique. Sous réserve d’un avenir sanitaire encore incertain, le cap le plus difficile paraît en passe d’être franchi, et l’avenir économique, social et environnemental s’éclaircit.

Force est cependant de constater que cette lucidité n’a pas transpiré sur les chiffres présentés quant à notre commune. Ce n’est pour le coup pas surprenant, puisque c’est coutumier.

Comme en une litanie hélas répétitive, il appartiendra donc à l’opposition municipale de rappeler les non-dits pourtant connus de tous :

– Que la diminution de l’endettement est en partie le produit d’un niveau élevé de fiscalité ; et qu’en outre vous entendez accroître le recours à l’emprunt

– Qu’ainsi, sur les 42 communes de plus de 100.000 habitants, seules 10 d’entre elles ont un taux d’imposition supérieur à celui de Lille quant à la taxe foncière sur les propriétés bâtie

– Qu’entre 2014 et 2020, le niveau cumulé des taxes foncières et d’habitation aura été majoré de 17% par la simple augmentation nationale des bases de calcul, de sorte que l’habitant Lillois qui paie chaque année un peu plus cher sans être bien certain que son revenu ait augmenté d’autant  est chaque fois plus perplexe de vous entendre vous réjouir de n’avoir rien accru de ses impôts… Le produit des impôts et taxes, qui ne concerne bien entendu pas que les personnes physiques, aura ainsi cru de 5,3 millions d’euros en un an

– Qu’à titre d’exemple, vous vous réjouissez de ce que « la chasse à l’automobile » soit chaque année plus profitable, pas moins de 4 millions d’euros sur ponctionnés dans le porte-monnaie des automobilistes. Mais l’extinction programmée de l’automobile citadine ne manquera pas de provoquer un tarissement important des prélèvements

– Que près d’un tiers d’emprunts à taux variable est en réalité une proportion tout à fait alarmante à long terme en période de taux bas, car ils ne peuvent tôt ou tard qu’être relevés, avec un effet dévastateur sur l’équilibre budgétaire de notre commune. Il nous a certes été répondu en commission que les taux étaient « capés », mais sans que cela permette d’évaluer précisément les majorations éventuelles de l’encours à risque

– Que la dette par habitants s’élevait au 1er janvier 2020 à 1.505 euros par habitant (plus de 6.000 euros pour une famille de 4 personnes), contre 1.106 euros en moyenne pour les communes de taille comparable

– Que s’il n’est pas contestable que l’endettement est maîtrisé, la charge annuelle de son remboursement excède 40 millions d’euros, soit le double de ce qu’elle était au terme de votre premier mandat, époque où notre capacité de désendettement a même pu passer sous les 3 ans, lorsqu’elle va l’année prochaine repasser sous les 6

– Que les charges de personnel, qui représentaient 52% des dépenses de notre commune en 2001 approchent à présent les 64%, alors que Nantes, Montpellier et Rennes, villes socialistes et donc peu suspectes à vos yeux d’austérité n’en sont qu’à 57% – 58%, niveau recommandé par l’orthodoxie budgétaire… A Bordeaux, les dépenses annuelles de personnel par habitant ne sont que de 569 euros, contre 841 à Lille. Certes, notre collègue Marion Gautier, conseillère déléguée au budget, a dans la presse invoqué la lourdeur des services Lillois conservés en régie, et indiqué avoir engagé « un travail de redéploiement de postes pour maîtriser nos coûts et regagner en efficacité », ajoutant que « c’est un vrai sujet (…), mais cela prend du temps »

Du temps, en effet, 20 ans depuis votre élection, alors même que 99 agents titulaires sont venus s’ajouter cette année. Pour autant, nous ne pouvons que nous satisfaire de la revalorisation de la rémunération des agents de catégorie C décidée par la majorité présidentielle

Que conclure de la comparaison du rose de votre rapport -par ailleurs fort bien rédigé par des services de haute compétence- et du gris de la réalité budgétaire, laquelle doit être pondérée des réalités sociologiques de chaque bassin de vie ?

– Qu’il est urgent d’investir pour répondre en particulier aux enjeux climatiques et sanitaires ; ce n’est pas sans incidence budgétaire, on nous l’a rappelé en commission. Une réflexion sur des recrutements de courts ou moyens termes devrait être conduite, afin d’agir efficacement sans grever exagérément nos finances

– Qu’un véritable travail de réorganisation des services s’impose chaque année un peu plus, afin d’améliorer par exemple leur fonctionnement et d’élargir les heures d’ouverture, sans porter atteinte à la qualité de vie des agents

– Qu’il est indispensable de préserver et développer le soutien à notre riche tissu associatif

– Que l’actuelle stagnation de notre population doit vous interpeller et inciter votre majorité à œuvrer pour l’attractivité retrouvée de notre commune

– Qu’enfin, si la suppression de la taxe d’habitation par la majorité présidentielle est une mesure de justice sociale qui allègera un peu un fardeau fiscal souvent écrasant pour les classes moyennes, des inquiétudes se font jour quant aux effets de l’inflation sur l’augmentation des bases votée dans la Loi de Finances. A cet égard, et rappelant votre engagement électoral de ne pas augmenter les impôts (page 37 de votre programme), je ne puis que vous suggérer d’être attentive à éviter toute conséquence dévastatrice de l’accroissement de telles bases, et d’envisager en conséquence, afin de le compenser, de soumettre en février prochain une diminution du taux de l’impôt foncier au vote du conseil municipal, privilégiant ainsi le respect de la parole publiquement donnée sur le bénéfice hypocrite d’une aubaine dont il serait trop facile de se dédouaner sur l’Etat quand elle ne ferait qu’enrichir votre cagnotte au détriment du niveau de vie de nos concitoyens

Je vous remercie.