Intervention de Vanessa DUHAMEL
Madame le Maire, chers collègues ;
Une fois n’est pas coutume, comme l’aurait ici souligné le jurisconsulte Antoine Loysel, il y eut concertation dans le projet de requalification dont vous nous rendez compte.
Comme nous regrettons qu’il n’en ait point été autant dans l’emblématique rue Pierre Mauroy, anciennement de Paris !
Pourtant, nous l’avons dit ailleurs, le résultat de la portion déjà inaugurée n’est pas déshonorant, bien que les angles du mobilier urbain aient définitivement supplanté les arrondis, que les bancs soient privés de dossiers, et que les barres métalliques entourant les bois des dits bancs semblent destinés à frigorifier l’hiver et ébouillanter l’été tout humain imprudent qui en oserait le contact.
Mais les travaux sont destinés à se poursuivre, et les difficultés se multiplient, exacerbées par votre habituelle verticalité.
Ainsi par exemple, les copropriétaires de la résidence du Beffroi se voient-ils exclus de toute rénovation alors même que notre conseil avait délibéré en 1965 pour « aménager la place Roger Salengro de toutes installations décoratives, y compris des plantations », puis en 1986 pour « prendre en charge la remise en état des bassins et jardinières existants »… C’est aujourd’hui qu’ils tombent littéralement en ruine que votre majorité entend imposer aux copropriétaires de restaurer et remettre en eau les bassins et sculptures de l’artiste Yvette Mellot – Morlaix, pourtant propriété de notre commune…A en croire la presse souvent bien informée, le syndic de propriété de réputation sérieuse, et les copropriétaires dont la bonne foi ne semble pas pouvoir être mise en doute.
Ainsi, plus généralement, l’espace situé devant l’hôtel de ville, qui nécessite incontestablement des travaux importants, sera-t-il rénové après une unique réunion en mairie il y a 5 ans, suivie d’une 2 ans plus tard en mairie de quartier pour informer du démarrage des travaux, sans qu’aucun document ne soit distribué aux participants.
Cette absence de traces écrites paraît d’ailleurs commune à l’ensemble des phases de la rénovation, seules quelques informations orales pouvant être glanées, comme semble-t-il l’annonce de la suppression de 80 places de stationnement. Un témoin indiquant que vous auriez assuré de la facilité qu’auraient les riverains à stationner à proximité, nous avons eu la curiosité d’arpenter les rues adjacentes. Le temps que votre magnanimité nous accorde étant compté, nous nous bornerons à signaler que les périphéries sont saturées le jour et souvent la nuit, que certaines offrent le spectacle invariant de la tranquille impunité de toute forme de délinquance, que d’autres sont parfumées au « pipi » dont vous rappeliez ne pas détester le parfum lors de notre récente braderie, produit de nombreuses vessies orphelines de toilettes publiques, et que d’autres enfin sont tout simplement occupées par les agents de notre commune, dont il est légitime qu’ils puissent venir exercer leurs missions.
Les commerçants quant à eux anticipent évidemment une perte de chiffre d’affaires, dans une période déjà extrêmement délicate pour nombre d’entre eux.
Tout ceci aurait pu et pourrait encore être amendé si une véritable concertation était organisée, aboutissant par exemple à la mise en place d’un dispositif de « parking partagé » tel que promu en partenariat avec diverses collectivités par les « start-up » françaises « YESPARK » et « ZENPARK », belge « BEPARK ».
Fidèle à son esprit constructif, notre groupe « Faire Respirer Lille » est tout disposé à organiser lui-même une réunion publique, y convier les représentants de la MEL ainsi que les riverains par questionnaires distribués, et vous en délivrer les conclusions afin d’enrichir votre réflexion ; tout au plus espérons-nous en telle hypothèse échapper aux convocations policière puis judiciaire dont bénéficia le conseiller de quartier auteur peccamineux d’un questionnaire sylvestre jugé exagéré par son très ombrageux président de conseil de quartier.
Le temps me manque pour évoquer ce soir le sort interminable et funeste des façades de l’hôtel de ville ; elles ne seraient assurément pas oubliées d’une telle concertation.
« Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse », écrivait Alfred de Musset ; Madame le Maire, que vous réalisiez ou déléguiez, l’essentiel sera d’enfin concerter ; soyez-en assurée, nous aurons alors à cœur de vous en remercier.