Lettre au Président de la Métropole de Lille et au Maire de Lille sur le dysfonctionnement des lignes 1 et 2 du métro – dédommagement des usagers
Monsieur le président,
Par le présent courrier, je souhaite porter la voix de nombreux usagers qui m’ont interpellée depuis la rentrée sur les dysfonctionnements des lignes 1 et 2 de métro du réseau Ilévia, et vous demander d’étudier très rapidement la possibilité de dédommager les usagers, Lillois, Hellemmois, Lommois, métropolitains, lésés par la situation.
La réduction du nombre de rames en circulation et l’allongement sensible des fréquences de desserte qui en résulte génèrent des défaillances quotidiennes sur le réseau, et rendent la vie impossible aux usagers, en particulier à tous nos élèves et étudiants en cette rentrée de septembre.
Aussi, bien que le directeur général de Keolis Lille Métropole ait semblé écarter cette possibilité d’un revers de main dans un récent entretien avec La Voix du Nord, et quand bien même cela ne relève pas de sa seule décision, il me paraît indispensable de ne pas exclure la possibilité d’un dédommagement ponctuel des usagers affectés par cette situation, ou sa prise en compte lors des prochaines échéances de révision de la tarification, si cette situation devait malheureusement perdurer.
Les conséquences de cette période difficile sont en effet particulièrement importantes dans le contexte doublement exigeant des Jeux Olympiques puis de la rentrée.
D’une part, cet état de fait imposé aux centaines de milliers de visiteurs venus partager l’enthousiasme des Jeux Olympiques au stade Pierre Mauroy a pu nuire à l’image et au rayonnement de notre métropole, et donc à son attractivité future, malgré tous les efforts qui ont été les vôtres pour obtenir ces épreuves et les organiser dans les meilleures conditions possibles.
D’autre part, il est à craindre que le piètre service observé en pleine période de rentrée, lorsque les habitudes de mobilité se prennent et s’ancrent parfois pour toute l’année voire au-delà, ne conduisent de nombreux Métropolitains (et notamment les plus jeunes d’entre eux) à renoncer à l’usage des transports collectifs au profit de solutions individuelles et carbonées, en contradiction avec tous les efforts de transition écologique engagés depuis plusieurs années, par le biais notamment de la tarification sociale et de la mise en place de la gratuité pour les moins de 18 ans.
Au-delà du ressenti des usagers, qui s’exprime très largement sur les réseaux sociaux et dans la presse, les difficultés ont été reconnues par le directeur général de Keolis Lille Métropole. Si les regrets et excuses qu’il a exprimés sont bienvenus, il appartient au concédant et autorité organisatrice des transports, que vous présidez, de s’assurer que l’ensemble des engagements de son concessionnaire sont tenus. Au-delà, il est déterminant d’obtenir le rétablissement rapide du service à son niveau optimal. Sur ce point, les déclarations du concessionnaire ne sont pas rassurantes, esquissant un retour à la normale à la Toussaint pour l’ensemble du réseau.
Face à ces constats, je souhaite donc appeler votre vigilance, ainsi que celle de votre vice-président chargé des transports et de l’ensemble des membres de la commission Mobilités de la MEL.
Dans quelques semaines, à l’occasion du rapport annuel du concessionnaire (qui a dû vous être remis avant le 1er juin au titre de l’année 2023), ils seront amenés à échanger avec les représentants de Keolis Lille Métropole. Il me semble que cette occasion doit absolument être saisie pour obtenir des éléments clairs quant au respect du cahier des charges.
Pour autant, comme vous le savez, le seul concessionnaire ne peut supporter seul l’ensemble de la responsabilité de la situation. La crise que nous connaissons actuellement dans nos transports est également l’énième conséquence de décisions prises par Lille Métropole Communauté Urbaine en 2012, sous la présidence à l’époque de Martine AUBRY et la vice-présidence de l’écologiste Éric QUIQUET, avec des choix qui ont conduit à l’impossibilité pour l’entreprise retenue de conclure la mission confiée dans les temps impartis, loin s’en faut, et la non-anticipation de ces difficultés. Des rames de métro « neuves » attendent dans nos entrepôts depuis quasiment dix ans pour certaines d’entre elles !
Je sais le travail mené depuis plusieurs années, sous la houlette notamment du regretté Alain BERNARD au cours du mandat précédent, pour obliger Alstom à respecter sa part du contrat, à défaut de ses engagements initiaux en termes de calendrier. Il vous revient de réussir à conclure dès que possible ce chantier particulièrement mal emmanché par votre prédécesseure, qui se réjouissait à l’époque d’une décision « générant les plus faibles coûts de fonctionnement sur le long terme » et d’un « système de pilotage automatique offrant une grande souplesse d’exploitation ». On a vu ce qu’il en est advenu, et les usagers en paient les frais quotidiennement, au propre comme au figuré.
Connaissant toute l’importance que vous attachez au développement de l’offre de mobilité dans la métropole, je souhaitais vous faire part de ces réflexions et vous remercie par avance de bien vouloir me faire connaître vos décisions.
Je vous prie de croire, Monsieur le président, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Violette SPILLEBOUT
Conseillère Municipale de Lille
Présidente du Groupe Faire Respirer Lille
Copie Madame Martine Aubry, Maire de Lille
