Conseil municipal du 11 octobre 2024
Bilan du rapport de développement durable à Lille
Aborder un sujet aussi important en 5 minutes, c’est une gageure, aussi je me contenterai d’évoquer quelques points positifs – sans être mielleux – et quelques axes d’amélioration – sans être fielleux.
Comme lors des éditions précédentes, nous félicitons l’ensemble des agents municipaux, notamment de l’ingénierie, des espaces verts, de l’entretien, de la voirie et bien d’autres qui ont contribué à un rapport si complet et positif.
Nous notons dans ce rapport l’ambition générale affichée et l’existence d’indicateurs sur chacune des dimensions.
Nous saluons bon nombre d’actions visibles par les habitants, telles que la végétalisation des cours d’école, les initiatives en matière d’économie circulaire et de réparation, la lutte contre la précarité énergétique ou encore la progression de l’alimentation bio ou locale dans les crèches, écoles et centres de loisirs.
Nous apprécions les résultats obtenus par le plan de sobriété énergétique et l’obtention du label climat énergie 5 étoiles.
Nous regrettons cependant le côté un peu trop “monde merveilleux” du rapport, non pas tant parce qu’il enjoliverait la situation (les chiffres sont justes) que parce qu’il entraîne le lecteur dans un tourbillon d’indicateurs souvent pertinents mais parfois moins, rendant difficile leur juste interprétation.
Concernant la place de la nature, nous notons les efforts faits mais trouvons que le tableau qui en résulte est excessivement optimiste.
Le nombre de m2 d’espaces verts publics verts ou végétalisés, soit 17,5 m2 par habitant, est le reflet d’une ville dense, l’une des plus denses de France après Paris et sa petite couronne et Lyon. Le territoire communal est peu étendu et c’est une contrainte.
On nous annonce 412 hectares d’espaces publics végétalisés, soit 11,8% de la surface de Lille-Hellemmes-Lomme dont plus du quart pour le parc de la citadelle et probablement une part importante pour le parc urbain de Lomme. Mais on parle aussi de 30% de taux de végétalisation, donnant ainsi l’illusion d’une ville verte.
La progression annoncée de 3,24 hectares sur un an représente en fait +0,13 m2 par habitant, à ce rythme il faudra environ 25 ans pour dépasser 20m2 par habitant.
Il faut saisir les rares belles opportunités qui se présentent, comme Saint-Sauveur pour lequel nous souhaitons une part de nature plus importante que prévu, sans exclure le logement.
Enfin sur ce sujet, nous regrettons que l’énumération des réalisations ne distingue pas les créations nettes des réaménagements.
S’agissant de la réduction des gaz à effet de serre, évoquée page 40 dans l’axe 6, les chiffres indiqués concernent exclusivement les émissions liées au patrimoine municipal et à son personnel, ce qui, certes, montre l’exemple mais ne couvre qu’une petite partie des émissions. En outre, les chiffres présentés, qui suggèrent une diminution annuelle de 4,7%, montrent en réalité que cette baisse ralentit : – 2,5% en 2022 et – 1% en 2023.
Concernant la ZFE, sujet fortement d’actualité, nous regrettons qu’il soit ici peu développé à l’heure où il risque d’être vidé de sa substance. La Ville de Lille et les autres villes-centres ont notamment besoin de cet outil essentiel à leur respirabilité.
D’une manière plus globale, nous aurions également souhaité que le rapport évoque davantage l’articulation des actions de la ville avec celles de la MEL, des villes voisines et même l’Etat. Lille n’est pas un parc d’attraction entouré de champs. C’est particulièrement vrai pour les habitants vivant à proximité des périphériques et de la voie rapide urbaine pour lesquels l’amélioration de la qualité de l’air et la réduction des nuisances sonores dépendent de plusieurs acteurs.
Par ailleurs, cette lutte contre le bruit et les nuisances sonores n’aborde pas spécifiquement les nuisances nocturnes qui sont pourtant un vrai sujet.
Enfin, sur un plan plus formel, nous souhaiterions des présentations plus simples et factuelles des indicateurs avec des tableaux ou histogrammes du type années N, N-1, N-2, N-3, évolution sur 1 an et 3 ans et comparaison à l’objectif – objectif qui ne doit d’ailleurs pas se cantonner à une flèche à la hausse ou à la baisse, comme c’est le cas dans plusieurs tableaux du rapport. Ayant consacré l’essentiel de ma carrière professionnelle à produire des analyses, résultats et recommandations issues d’études, j’ai appris à être précis et à ne pas mettre en évidence que les chiffres qui arrangent.
Je vous remercie