Conseil Municipal

Santé mentale

Conseil municipal du 11 octobre 2024

Intervention de Vanessa DUHAMEL, Conseillère métropolitaine et municipale de Lille

Grande cause nationale santé mentale

Madame le Maire, chers collègues ;

Instituée en 1992, la journée mondiale de la santé mentale est célébrée chaque 10 octobre ; le thème de la journée de ce jeudi ayant été la santé mentale des filles, celle-ci étant exposées aux violences sexistes et sexuelles à des âges plus précoces que les garçons, ce qui fragilise leur santé mentale.

Dans le même temps, la 35ème édition des Semaines d’information sur la santé mentale est organisée du 7 octobre dernier au 20 octobre prochain, incitant au « mouvement » et à l’activité physique.

Notre conseil votera ce soir une « aide au démarrage » à l’association « ESTIME », basée à Lille – Sud, dont l’objet social est précisément la santé mentale de nos concitoyens.

Chacun parmi nous constate quotidiennement l’alarmante dégradation de l’équilibre psychologique de la population, accentuée depuis la pandémie de Covid. Aujourd’hui, on considère plus généralement qu’un quart des européens sont frappés de troubles psychiques, soient, rapporté à notre conseil, pas moins de 20 élus municipaux, ce qui, il vous faudra statistiquement l’admettre, déborde largement des contours de votre opposition.

Au-delà de la plaisanterie, il est peu d’entre nous qui ne connaissent, parfois n’aident, des proches en grande difficulté, et ne sachent combien nous pouvons nous sentir démunis confrontés au drame souvent invisible de la souffrance psychologique.

13 millions de Français vivent avec un trouble psychiatrique, 64% des Français déclarent avoir déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique ; jusqu’à 75% chez les moins de 35 ans, et les coûts liés à la santé mentale sont le premier poste de dépenses de santé dans notre pays. Les dépendances diverses se sont accrues, ainsi que les troubles du comportement alimentaire, qui désormais frappent même de jeunes enfants ; 600.000 jeunes de moins de 18 ans sont concernés.

Un quotidien national évoquait en début de semaine le rôle de l’éco-anxiété dans la souffrance psychologique d’une jeunesse privée d’avenir. La santé mentale de nos enfants fragilisée par le Covid est aujourd’hui également soumise aux pressions des guerres en Europe et au proche Orient.

S’agissant des moins de 18 ans, 15 % sont touchés par la dépression, 5 % par le harcèlement scolaire, 20 % par le cyberharcèlement et 20 % aussi par l’addiction numérique.

Soyons attentif pour leur permettre de retrouver leur équilibre et grandir plus sereinement.

Les professionnels de santé distinguent trois situations distinctes :

  1. les troubles psychiques, qui appellent des actions thérapeutiques ciblées et correspondent à des troubles de durée variable plus ou moins sévères et handicapants ;
  2. la détresse psychologique réactionnelle, qui correspond à des situations éprouvantes et à des difficultés existentielles ; la santé mentale en général, qui s’intéresse à l’ensemble des déterminants de santé mentale visant à améliorer l’épanouissement personnel, le bien-être de tous. Conscients de la gravité de cette situation, les pouvoirs publics ont déclaré la santé publique « grande cause nationale » de l’année 2025.

Chaque territoire doit s’organiser en fonction de ses spécificités ; le rôle du conseil Lillois de la Santé Mentale, fondé en 2011, doit être salué.

Aux côtés des services publics comme des collectivités, l’action des associations Lilloises est précieuse, comme je le soulignais en conseil dès le 9 octobre 2020, à la sortie de la pandémie ; je ne puis que vous féliciter de votre prise de conscience.

Notre commune dispose de leviers d’action, et les utilise à bon escient, qu’il s’agisse du cadre de vie – rôle de la nature, logement, transport et nuisances sonores -, des modes de vie – lien social, alimentation, écoles, arts et culture – ou de l’accès aux soins – évoquons à cet égard la commune de Lyon, qui a mis en place des points d’écoute gratuits et sans rendez-vous destinés à prévenir le suicide, particulièrement des jeunes concitoyens.

Parfois cependant, une interrogation surgit lorsqu’on considère le panel des actions entreprises : celles proposées au titre des actuelles semaines d’information consistent essentiellement à organiser des rencontres, promenades et activités sportives, certes louables et très probablement fécondes, mais l’on se dit qu’à ce titre le récent World Cleanup Day du 20 septembre dernier a réuni autant de participants, dans la même ambiance fraternelle, avec tout autant d’exercice physique et un résultat pour le coup plus positif, puisqu’il a contribué à assainir notre environnement.

Ce qui peut-être fait défaut est d’obtenir des « retours » issus du « terrain », c’est-à-dire d’interroger les associations, les bénévoles et plus encore les bénéficiaires, comme je le suggérais ici il y a 4 ans, sur les besoins concrets et les effets produits par les actions entreprises.

A l’heure où tous les indicateurs se dégradent dangereusement, il est plus que jamais nécessaire que chacun contribue à son niveau de responsabilité et n’hésite pas à interpeller les décideurs au vu des effets microsanitaires des politiques macrosanitaires entreprise

Soulignons pour conclure la qualité de la note produite par le Réseau français Villes-Santés, à laquelle ont précieusement contribué deux représentants de notre commune, dont la compétence avérée, et celle de leurs collègues, permettra sans nul doute d’apprécier finement et utilement les résultats concrets des politiques entreprises par les diverses strates décisionnaires, et de contribuer ainsi à leur amélioration.

Je vous remercie. Vanessa Duhamel