Conseil municipal du 20 juin 2025
Monsieur le Maire, chers collègues ;
La lecture du texte même de la délibération qui nous est soumise interpelle : « en 2030 20 millions de Français auront plus de 60 ans ». C’est vrai. On est tenté de répondre : « et alors ? » Augustin Laurent a quitté son siège de maire à l’âge de 76 ans ; Pierre Mauroy à 72 ; Martine Aubry à 74. Ce n’est pas, M. le Maire, que je vous souhaite ardemment 30 ans de mandature, mais la question peut être posée : est-il donc si reposant de diriger une commune de 230.000 habitants qu’on puisse se dispenser de tout l’accompagnement promis à nos concitoyens ?
Ainsi donc, 20 millions de Français auront plus de 60 ans, quand on était Maréchal de France à 25 ans sous le règne du Roi soleil. Doit-on en conclure que parce qu’on est prolongé, on est bientôt périmé ?
Derrière la galéjade se révèle un constat : votre plan, aux intentions louables, semble concentré vers le grand-âge et ses faiblesses plutôt que précisément de s’adapter aux différentes phases de l’existence. Votre majorité, certes, conteste à des degrés divers l’allongement de la vie professionnelle. Mais elle devrait précisément en inférer qu’il convient d’associer les jeunes sexagénaires à tous les aspects d’une vie encore active, ce qui aura pour effet sanitaire de retarder un vieillissement qu’il convient en effet d’accompagner et de ralentir. L’associatif, le bénévolat, le partage d’expériences et de compétences, tout doit être encouragé, soutenu, développé et communiqué afin que cette richesse humaine ne demeure pas en jachère pendant les dix ou quinze ans qui très souvent s’écoulent avant qu’en effet un accompagnement puisse s’avérer précieux.
L’accompagnement, ensuite, lorsque le temps est venu : nous regrettons l’absence de chiffrage, d’objectifs précis. Lorsqu’en « action 21 » vous promettez de poursuivre l’installation de toilettes publiques, on songe à l’abîme de leur carence, qui nous fait parent pauvre de notre catégorie urbaine, au point d’éloigner de nombreux seniors de notre centre-ville, faute de sanitaires suffisants. L’action 20, qui annonce l’installation de bancs, omet de rappeler que la plupart de ceux existant sont inconfortables ou dépourvus de dossier, quand le mal de dos est l’une des douleurs du siècle dernier, tandis que leur rareté dans certains quartiers entrave les déplacements faute de « points de repos » réguliers.
Parfois, aussi, le jeunisme frappe de plein fouet par l’inversion de ce que fut la sagesse des aînés. Là où nos grands-mères nous enseignaient la langue, outil d’ascenseur républicain, l’action 13 offre à mamie d’apprendre « l’évolution de la langue française », « Hello papi mais qué pasa ? J’entends des bails atroces sur moi ( … ) « en Catchana baby tu dead ça… » va lui chanter Nakamura… Rappelons-le, notre ville est engagée depuis 2017 dans le réseau Francophone des villes amies des aînés, sans pour autant avoir encore obtenu le label à l’inverse d’Arras, de Dunkerque, Valenciennes ou Villeneuve d’Ascq ; si nous voulons progresser, non par souci de communication mais dans une véritable approche humaine et humaniste, il nous semble que deux axes doivent être développés : l’adaptation du plan aux différents âges de nos anciens, et le chiffrage précis d’objectifs concrets et ambitieux.
Je vous remercie.
Vanessa Duhamel