Conseil Municipal

 Palais des Beaux-Arts

Conseil Municipal du 10 octobre 2025

Monsieur le Maire, chers collègues ;

Notre conseil ne peut que se réjouir des partenariats entre le Palais des Beaux-Arts, la Réunion des Musées Nationaux, le Grand-Palais des Champs-Elysées et d’autres prestigieuses institutions.

Ces actions sont permises par la qualité de nos collections, mais aussi, bien évidemment, celle des équipes qui œuvrent à leur conservation et à leur mise en valeur.

Au sein de ces équipes, les commissaires d’exposition jouent un rôle central. Le commissaire est celui ou celle qui choisit le thème, repère les œuvres, sollicite les prêts, élabore le discours scientifique, rédige le catalogue et accompagne le public ; il peut être rattaché à une institution ou indépendant, et en l’absence de charte professionnelle des commissaires d’exposition, il n’existe pas d’études particulières ni de protection du titre ou de la qualité.

Dans une période où des efforts importants sont demandés à nos concitoyens comme nos associations au titre de la sobriété budgétaire et d’une dépense publique vertueuse, il est indispensable de respecter un équilibre entre commissaires internes et extérieurs.

Notre Musée, l’un des plus grands de France hors Paris, a le grand privilège de disposer d’une équipe compétente, à même de réaliser des expositions recueillant l’enthousiasme du public ; l’exemple des expositions « Expérience Goya », « la Forêt Magique » ou « Expérience Raphaël »  vient par exemple à l’esprit, car elles furent intégralement réalisées en interne, avec une fréquentation supérieure à d’autres ayant eu recours à un commissariat extérieur… dans le même temps qu’une économie de l’ordre de 200.000 euros par exposition était réalisée grâce au recours aux talents numériques internes. Ces équipes méritent pleinement d’être mises en valeur.

Depuis des années, à l’image de tous les grands musées, notre Palais des Beaux-Arts « mixait » commissariats internes et externes, les commissariats externes permettant d’apporter un regard neuf sur les collections, une liberté intellectuelle accrue, une ouverture de réseau et de rayonnement, une image d’ouverture et une respiration pour la ville, quand les commissariats internes ont l’avantage d’une connaissance intime des collections, d’une cohérence avec la stratégie du musée, d’un travail d’équipe plus fluide et d’une valorisation des équipes du musée.

Cet équilibre, auquel nous sommes attachés semble cependant remis en cause depuis plusieurs mois. Les commissaires des grandes expositions sont désormais exclusivement extérieurs à notre Musée ; c’est le cas de « Fêtes et célébrations Flamandes » et « Felice Varini » cette année ; de « Turner » et « Sheila Hicks » l’an prochain, et cet équilibre ne peut pas être rétabli en confiant uniquement de petites expositions, dites « expositions dossiers » aux agents.

Il faut en être conscients, une exposition confiée à un commissariat extérieur entraîne mécaniquement des frais supplémentaires de déplacements, hébergements, droits d’auteur. Plusieurs centaines de milliers d’euros s’additionnent ainsi alors même que nous rémunérons déjà des salariés compétents et disponibles pour assumer ces missions. Disons-le clairement, nous payons deux fois.

Cette systématisation du recours extérieur, outre qu’elle accroît fortement la dépense publique, n’est pas sans conséquence humaine ; la mise à l’écart de cadres expérimentés, réduits à des missions exclusivement subalternes, les dépossède de leur rôle central, et pose la difficulté humaine de la souffrance au travail, ce dont votre Directeur Général des Services a été saisi récemment. Pleinement informé, nous formons le vœu que vous agissiez en responsabilité, dans l’intérêt de l’institution et de ses équipes.

Je vous remercie.