Conseil Municipal

Parking Grand’Place

Conseil municipal du 10 octobre

Rapport du délégataire Indigo – Parkings Grand’Place et Vieux-Lille

Monsieur le Maire, chers collègues,

Cinq ans après nos premières interventions sur ce dossier, en décembre 2020 et décembre 2021, il faut malheureusement constater que rien n’a changé.
Aucune re-négociation, aucune étude juridique, aucun contrôle approfondi, aucune anticipation des transformations urbaines à venir.
Zéro travail. Zéro pilotage. Zéro vision.

Retour sur les engagements de 2020 et 2021

En 2020, j’avais dénoncé ici même la durée aberrante de ces contrats de concession : 50 ans, jusqu’en 2049 et 2054, durée sur laquelle  la jurisprudence a établi que 25 ans pouvait être excessive.
Je rappelais que la Ville ne touchait que 7 % du chiffre d’affaires, soit 133 000 € pour Grand’Place et 65 000 € pour le Vieux-Lille, pendant que le délégataire Indigo en conservait plus de 80 % du bénéfice, soit environ 1 million d’euros par an.
Je disais alors : « Ces parkings ont déjà été payés plusieurs fois, et l’argent n’est pas allé dans la poche des Lillois. »
Madame le Maire m’avait répondu : « Il faut regarder combien a gagné l’exploitant par rapport aux investissements réalisés. Ce serait un bon travail à faire. »
Et Jacques Richir avait ajouté : « Il faut faire quelque chose. »

Un an plus tard, en 2021, Bernard Charles, pour notre groupe, constatait à nouveau que rien n’avait été fait, mais saluait la promesse d’une note en préparation sur la rentabilité et les perspectives de ces contrats. Cette note, trois ans plus tard, n’a jamais été présentée.

Analyse du rapport 2024 : une rente privée, un manque à gagner public

Le rapport 2024 confirme exactement nos analyses d’il y a cinq ans :

  • 3,02 millions d’euros de chiffre d’affaires HT,
  • 218 000 € seulement reversés à la Ville,
  • 436 000 visiteurs,
  • tarif horaire de 2,80 €, le plus élevé de Lille.

En clair : Indigo encaisse, la Ville observe.

Et pendant ce temps, dans d’autres villes françaises :

  • Bordeaux ou Strasbourg perçoivent 20 à 22 % de redevance,
  • Nantes 21 %,
  • Nice 20 %,
  • quand Lille reste à 7 %, un taux hérité des années 1980.

Autrement dit, Lille est parmi les pires villes de France pour le retour financier à la collectivité.
Et pourtant, les recettes par place y sont plus élevées qu’ailleurs, preuve d’une rentabilité très confortable pour le délégataire.

Un contrat obsolète, non contrôlé, et non renégocié

Depuis 2020, aucune étude juridique n’a été produite pour mesurer la faisabilité d’une renégociation ou d’une sortie anticipée de contrat.
Aucune analyse économique sérieuse sur le taux de rentabilité d’Indigo à Lille.
Aucune donnée de marge nette, de coût d’entretien ou de bénéfice réel n’a été demandée.
Et le seul argument répété depuis cinq ans – “rompre coûterait trop cher” – n’a jamais été étayé par le moindre chiffrage.

Ce manque de suivi traduit un désintérêt total du pilotage de la Ville, une délégation aveugle et une absence de contrôle de gestion flagrant.

Aucune anticipation face aux mutations urbaines

Le rapport 2024 ne contient aucune réflexion sur l’impact de la piétonnisation de la Grand’Place, ni sur les transformations majeures prévues pour 2025 et 2026 dans ce périmètre.

Comment justifier qu’aucune étude de flux, aucune modélisation de remplissage, aucune adaptation tarifaire ne soit engagée, alors même que la Ville s’apprête à modifier profondément les usages du centre-ville ? Ces parkings devraient être intégrés à une vision globale de la mobilité

Un modèle à rebours des bonnes pratiques

Dans d’autres villes, les parkings concédés sont des outils de régulation urbaine, pas de rente privée. À Bordeaux, Nantes ou Grenoble, les DSP sont courtes, transparentes, re-négociables, avec part variable selon le chiffre d’affaires. À Lille, nous restons prisonniers d’un modèle des années 1980, où la collectivité n’a ni contrôle, ni stratégie, ni bénéfice.

Conclusion politique

Cinq ans après nos alertes, rien n’a bougé et un manque d’anticipation de la transformation urbaine et de la piétonnisation.

La Ville laisse filer une ressource publique majeure, sans stratégie, sans transparence, sans cohérence avec ses ambitions de transition écologique et de mobilité.

Monsieur le Maire, je vous le dis clairement :
Lille mérite mieux qu’un contrat figé depuis 1988.
Lille mérite une véritable politique de stationnement au service des Lillois.