Déficit d’évaluation, exercice comptable non conforme, omerta sur les hauts salaires… Un mois avant l’ouverture d’« Eldorado », le nouveau festival culturel organisé par Lille 3000, la Chambre régionale des comptes (CRC) dénoncent quelques détails de la gestion financière de l’asso lilloise, créée en 2010, pour mettre en place des manifestations culturelles d’ampleur, dans la lignée de « Lille 2004, capitale européenne de la culture ».
Une comptabilité pas toujours conforme
« La situation financière de l’association est satisfaisante et elle dispose d’une trésorerie importante : 5,8 millions placés majoritairement sur des valeurs mobilières », souligne la CRC. Néanmoins un déficit cumulé de 1,5 million traîne depuis la période 2006-2009. Les magistrats constatent aussi que parfois, « les aides, dont l’asso bénéficie [pour organiser des événements], ne sont pas pour autant reversés pour défaut de réalisation. » Ce fut le cas pour le projet de rétrospective du peintre Ladislas Kijno en 2016.
Des hauts salaires qui posent question
L’information sur la rémunération des trois plus hauts cadres dirigeants est restée absente des comptes jusqu’en 2016. Il a fallu une intervention de la CRC pour qu’elle apparaisse à partir de 2017. Le cas de Didier Fusillier, ancien directeur artistique, est emblématique. Entre 2000 et 2015, il a occupé trois emplois de direction à Lille 3000, mais aussi au Manège de Maubeuge et à la MAC de Créteil.
« Or, entre 2012 et 2015, il a reçu un salaire brut moyen de 8.200 par mois, correspondant à 60 % de sa rémunération à temps plein, au lieu de 33 % », note la CRC qui estime un revenu brut cumulé à environ 20.500 euros. Depuis 2015, en tant que conseiller artistique de Lille 3000, il ne touche plus que 4.300 euros bruts, mais « pour 9 heures de travail par semaine ».
Absence d’évaluation fiable
« L’absence d’objectifs quantitatifs et qualitatifs prédéfinis, Lille 3000 n’est pas en mesure d’évaluer sa propre action et de rendre compte de la satisfaction du public », indique la CRC. Impossible de mesurer précisément la fréquentation.
Quant aux retombées économiques sur le territoire, la CRC doute du chiffre affiché de 110 à 150 millions à propos de l’événement « Renaissance » en 2015. A partir des données touristiques et d’une enquête de la Métropole de Lille (MEL), la CRC a recalculé des gains autour de 65 millions. Dans sa réponse, la MEL précise qu’elle « commandite des études en termes de retombées économiques lors de chaque événement ».