Conseil MunicipalLille

NPNRU

Conseil municipal du 28 avril 2025

NPNRU

Monsieur le Maire, chers collègues,

Je tiens à saluer les progrès réalisés dans les projets de renouvellement urbain au sein de nos quartiers, notamment avec la démolition de la résidence sociale Vilogia dans le quartier des Bois-Blancs et des résidences sociales Lille Métropole Habitat dans le Faubourg de Béthune. Ces chantiers, financés dans le cadre du programme NPNRU, contribuent à la transformation de notre ville en la rendant plus moderne et plus agréable pour ses habitants. Je me réjouis de cette avancée.

Cependant, je souhaite attirer l’attention sur quelques points qui nécessitent réflexion et amélioration pour que ces projets bénéficient pleinement aux habitants et aux quartiers concernés.

1. L’association des habitants aux chantiers NPRU :

Je tiens à rappeler que l’un des objectifs essentiels du NPRU est de garantir l’implication des habitants dans les projets de transformation de leur cadre de vie. Ce processus est fondamental pour assurer une acceptation et une appropriation par les citoyens. Or, à ce jour, il semble que la concertation avec les propriétaires expropriés dans des projets similaires, notamment rue Jules Guesde à Wazemmes, n’ait pas été suffisante. J’ai été interpellée par plusieurs d’entre eux, trés inquiet de perdre l’usage de leur bien, sans en comprendre la finalité, et sans pouvoir faire respecter leur droit de propriété.

La Fabrique des Quartiers, l’organisme en charge de la gestion du NPRU à Wazemmes, a fait l’objet de nombreuses critiques concernant sa gestion et son manque de concertation. L’article de Mediacités du 13 mars 2025 rapporte des témoignages alarmants sur le climat social au sein de la structure. Ces témoignages suggèrent qu’il existe un fossé entre la présentation officielle de la structure, qui se veut dynamique et inclusive, et la réalité vécue par ceux qui y travaillent et interagissent avec les résidents. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle s’inscrit dans un contexte de politique publique axée sur la rénovation urbaine et la revitalisation des quartiers populaires.

Cette situation  soulève des questions essentielles sur l’efficacité de La Fabrique des Quartiers et sa capacité à gérer les projets de manière respectueuse et transparente. Si ces dérives se poursuivent, comment pouvons-nous nous attendre à ce que ces projets profitent véritablement aux habitants des quartiers concernés ? Comment garantir que les processus de concertation, qui sont pourtant au cœur de la réussite du NPRU, soient réellement respectés, et non réduits à une simple formalité ?

Il est donc impératif que la Ville prenne des mesures pour s’assurer que des pratiques managériales respectueuses et une concertation effective soient mises en place afin de renforcer la confiance des citoyens dans ces projets de transformation.

2. L’utilisation du droit de préemption :

Dans le cadre du NPRU et des projets de renouvellement urbain à Lille, l’un des leviers importants pour l’acquisition de biens immobiliers et leur réhabilitation est l’usage du droit de préemption. Ce droit permet à la Ville de racheter des biens immobiliers afin de les réhabiliter et de répondre aux besoins de logement, notamment dans les quartiers en renouvellement. Toutefois, la manière dont ce droit est appliqué à Lille, en particulier dans certains secteurs comme Vauban, suscite de sérieuses préoccupations.

Le quartier de Vauban, bien que stratégique et attractif, souffre d’une gestion inefficace des biens immobiliers préemptés. Alors que ce quartier a été désigné pour bénéficier du NPRU, et que des efforts ont été faits pour acquérir des propriétés en vue de leur réhabilitation, beaucoup de ces biens restent vacants et mal utilisés. C’est notamment le cas du bien situé au 62 rue de Canteleu, préempté il y a plus de sept ans, qui reste encore à l’abandon aujourd’hui. Cela soulève une question fondamentale : pourquoi ces biens, destinés à être réhabilités dans le cadre du NPRU, restent-ils inactifs ?

Le droit de préemption, qui devrait permettre de transformer ces propriétés en ressources utiles pour la collectivité, se trouve ici détourné de son objectif principal. En effet, si la Ville rachète des biens pour les réhabiliter et répondre ainsi aux besoins urgents de logements sociaux ou abordables, il est inadmissible que ces biens restent sans projet concret. Cela conduit à un gaspillage de ressources publiques, tout en exacerbant les tensions sur le marché du logement, notamment dans des quartiers comme Vauban où la demande est forte.

De plus, la situation à Vauban reflète un phénomène plus large observé dans d’autres secteurs de la Métropole Européenne de Lille, où des biens sont acquis par préemption mais ne sont pas exploités dans les délais légaux. Ce dysfonctionnement nuit à l’image du NPRU et à l’efficacité globale des politiques de renouvellement urbain, qui se voient freinées par une mauvaise gestion du droit de préemption. Dans un contexte de crise du logement, ces biens laissés à l’abandon représentent non seulement un gâchis financier, mais aussi une occasion manquée de répondre à un besoin social pressant.

L’application du droit de préemption doit être accompagnée d’une gestion stricte et d’une mise en œuvre rapide des projets qui y sont associés. En effet, pour qu’un bien préempté soit conforme aux objectifs du NPRU, il doit être réhabilité dans un délai raisonnable. Or, cette lenteur dans la réhabilitation entraîne une dilapidation des fonds publics et des opportunités manquées pour les citoyens.

Ainsi, il devient urgent d’instaurer un contrôle rigoureux de l’application du droit de préemption et d’accélérer la réhabilitation de ces biens. La Ville doit se montrer plus proactive dans la gestion de ces préemptions et s’assurer que les projets associés soient effectivement menés à bien dans les délais impartis, afin que ces acquisitions servent réellement les intérêts publics et répondent aux besoins en logements.

Je propose donc que des mécanismes de suivi renforcés soient mis en place, afin de garantir que les biens acquis soient réhabilités de manière efficace et dans des délais raisonnables. Le contrôle de l’usage du droit de préemption est essentiel pour éviter le gaspillage des ressources publiques et pour que les quartiers comme Vauban bénéficient réellement des investissements réalisés dans le cadre du NPRU.

3. Le futur du NPRU à Lille :

Le programme NPNRU arrivera à son terme en 2026. C’est l’occasion pour nous de faire le bilan de cette politique et de réfléchir à son avenir. À l’heure où les enjeux sociaux, écologiques et économiques sont de plus en plus pressants, il est essentiel que nous réadaptions notre stratégie pour assurer la pérennité de ces projets et leur impact positif à long terme.

La fin du NPNRU ne doit pas signifier la fin des politiques de renouvellement urbain. Nous devons capitaliser sur les acquis tout en corrigeant les erreurs et en adaptant nos pratiques aux nouvelles réalités sociales et territoriales. La crise du logement et les tensions dans le secteur de la construction rendent ces enjeux plus importants que jamais.

Je vous remercie de votre attention et reste disponible pour toute discussion sur ces points.