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Classement UNESCO de la Citadelle de Lille : halte aux fausses excuses !

Comme tous les Lillois, le collectif Faire Respirer Lille a appris par la presse le renoncement de la maire de Lille à la candidature commune avec Le Quesnoy et Breisach pour le classement des 3 citadelles au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Face aux explications très peu convaincantes de la ville pour justifier ce renoncement, nous tenons à rappeler plusieurs éléments factuels permettant d’éclairer les habitants : 

plusieurs délibérations municipales et métropolitaines depuis 2017 ont souligné l’importance de ce projet et ont conduit à engager des budgets importants.

avoir peur de sa propre candidature en soulignant le risque de perdre le label après l’avoir gagné est absurde, ces retraits étant rarissimes.

les aménagements urbains, et notamment le passage d’un tramway, restent tout à fait possibles avec le label, les obstacles indiqués ne sont que des prétextes.

La remise en cause d’une démarche de plusieurs années, des dépenses et un travail important (UNESCO, Réseau Vauban, MEL…)

DÉLIBÉRATIONS DE LA VILLE DE LILLE

  • Lors du Conseil Municipal du 31/03/2017 (délibération 17/16) a été voté le “projet d’extension du bien sériel” et l’adhésion de la Ville de Lille à l’association « réseau Vauban » de 2017 à 2022
  • Lors du Conseil municipal du 23/06/17 (délibération 17/36) a été présenté et voté un projet d’animation du parc urbain de la citadelle. Il stipulait notamment que « L’ensemble des modelés de terre… a vocation à être inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO à échéance 2021-2022 ». 
  • Le Conseil Municipal du 08/12/2017 (délibération 17/13) a permis de définir la convention entre la MEL, la Ville de Lille VDL et le réseau Vauban.
  • Le Conseil municipal du 22/06/2018 (délibération 18/19) a acté le renouvellement du label « Ville d’Art et d’Histoire », avec un programme d’actions de sensibilisation à l’architecture, au patrimoine et au paysage avec une « attention particulière » portée à la candidature UNESCO de la citadelle de Lille.

DELIBERATION DE LA METROPOLE EUROPEENNE DE LILLE

Lors de la séance du 01/06/2018 a été voté à l’unanimité à la MEL le projet d’extension du bien “fortification de Vauban”, ainsi que le portage de la candidature UNESCO.

Est-il bien responsable, par une décision irraisonnée, de jeter aux orties le travail effectué depuis plusieurs années  ?

L’argument fallacieux d’un label UNESCO pour la Citadelle, qu’on risquerait ensuite de perdre

Seulement deux sites retirés depuis la création de la liste en 1972 

La première fois, en 2007, à Oman, pour le sanctuaire de l’oryx arabe, une espèce rare d’antilope, classée depuis 1994. En cause, la décision de l’État de réduire de 90 % la surface de la réserve pour un projet de prospection pétrolière.

La seconde, en Allemagne. En 2009, cinq ans après son inscription, la Vallée de l’Elbe à Dresde est retirée de la liste, en raison de la construction d’un pont routier à quatre voies, décidée par le gouvernement local.

Se défausser sur les exigences de l’UNESCO ou du réseau Vauban pour laisser entendre que nous ne pourrions tenir nos engagements, c’est agiter des peurs injustifiées !

Le classement UNESCO est tout à fait compatible avec le passage d’un tramway, les exigences de développement durable et de déplacements doux

EN FRANCE : LE HAVRE ET L’UNESCO

Le centre-ville du Havre a été classé à l’UNESCO en 2005.

En 2007 a été lancé le projet de tramway. En 2012, le tramway est inauguré.

EN FRANCE : BORDEAUX ET L’UNESCO

Depuis juin 2007, le Port de la Lune, nom familièrement donné au port de Bordeaux, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

C’est la reconnaissance de la valeur et de l’unité patrimoniale de cette ville, exemplaire “par l’unité de son expression urbanistique et architecturale, architecture classique et néoclassique, qui n’a connu pratiquement aucune rupture stylistique pendant plus de deux siècles”.

Le tramway passant sur les quais et notamment devant la Place de la Bourse, ainsi que dans des artères du centre-ville, est partiellement sans caténaire, avec des plateformes pavées de granite, des stations sans vente de tickets à proximité des bâtiments classés. 

Un exemple tout à fait transposable au cas lillois pour un tramway passant en centre-ville ou longeant la Deûle !

Le CLUB (Le Comité Local UNESCO Bordelais ) est une instance en charge du suivi des transformations architecturales et urbaines dans le site inscrit et sa zone de sensibilité.

La reconnaissance de la valeur universelle et exceptionnelle n’est ni une fin en soi, ni un obstacle aux projets urbains et le dossier d’inscription est assorti d’un plan de gestion qui garantit la préservation des qualités qui ont présidé à l’inscription.

EN FRANCE : STRASBOURG ET L’UNESCO

La “grande île” de Strasbourg est inscrite en 1988.

Le tramway passant par le cœur historique est construit à partir de 1998, sans aucune remise en cause de l’inscription.

Le plan de gestion de la Grande-Île approuvé par le Conseil municipal en 2013 prend en compte tous les aspects de la gestion urbaine : connaissance, conservation, valorisation et transmission. Le plan local de l’habitat s’attache, à l’intérieur du bien, à maintenir la mixité sociale et à maîtriser le taux de vacance des logements. Le plan de déplacement urbain permet de réduire la place donnée à la voiture en favorisant les piétons et les cyclistes. Depuis 1989, la mise en place d’un réseau de tramway a accompagné la restructuration des espaces publics et la réalisation de voies piétonnes. La charte des terrasses, le règlement d’occupation du domaine public et le règlement local de publicité ont permis d’engager un aménagement harmonieux de l’espace public.

Loin d’être un obstacle aux aménagements urbains, le classement a, au contraire, été l’un des catalyseurs permettant une amélioration qualitative substantielle des espaces publics, du bien-être et de la santé des habitants !

EN EUROPE : LUXEMBOURG ET L’UNESCO

Luxembourg  : les fortifications de la vieille ville de Luxembourg et de ses quartiers anciens font partie du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO depuis 1994.

Le comité de gestion de l’UNESCO à Luxembourg a rendu son verdict en 2018 : la prolongation du tracé du tramway vers la gare centrale est bien autorisée.

Celui-ci traverse la zone-tampon de l’UNESCO entre la place de Bruxelles et la place de Paris. L’organisation note qu’« il n’y a aucun inconvénient à la prolongation d’un tramway vers la gare dont les rames n’encombrent pas plus le paysage que les autobus ou les automobiles. C’est au contraire un progrès dans la vie urbaine ».

Un argument tout aussi recevable à Lille pour la transformation d’une ligne de bus en un tramway Façade de l’Esplanade !

EN EUROPE : PRAGUE ET L’UNESCO

Le site inscrit comprend le centre historique de Prague et le parc de Průhonice, situé au sud-est de la ville en Bohême centrale.

Le 8 janvier 2010, un rapport sur l’état de conservation du Centre historique de Prague a été soumis par l’État, accompagné de deux lettres sur les constructions de grande hauteur et la restauration du pont Charles. Le dossier comprenait des modifications apportées à la place Wenceslas : il était proposé de rendre à la place Wenceslas sa fonction historique de boulevard, desservi par le tramway, conformément au dessin lauréat qui a remporté le concours pour la place en 2005. 

Prague a réussi, pour son plus grand bénéfice, à conserver et valoriser son label UNESCO tout en valorisant et développant son réseau de tramway en centre-ville et au pied du château et de ses murailles, et en préservant et valorisant ses nombreux espaces de nature !

Si vous souhaitez nous contacter sur ce sujet, n’hésitez pas (fairerespirerlille@gmail.com)