A l’occasion de la présentation du Rapport annuel sur l’Egalité Femme-Hommes de la ville de Lille, Ingrid Brulant, pour FAIRE RESPIRER LILLE, a salué les efforts pour l’égalité professionnelle entre les Femmes et les Hommes à la Mairie de Lille (en sa qualité d’employeur) mais a aussi
– regretté l’utilisation ça et là de l’écriture inclusive, source de confusion pour les lectrices et lecteurs
– pointé des subventions aux associations pas toujours à la hauteur des enjeux et le besoin d’une plus grande visibilité des outils de lutte contre les violences
– relevé une situation insatisfaisante pour la sécurité des femmes dans l’espace public et soulignons en particulier le manque de caméras de vidéoprotection
Intervention du 11 décembre 2020
Agir pour l’égalité Femmes Hommes, pour une commune, c’est agir à 2 niveaux. La ville, vis-à-vis de ses 4500 agents, est engagée, c’est indéniable, pour l’égalité professionnelle. Elle veut faire plus pour la féminisation de certains métiers techniques. Elle lutte contre le sexisme ordinaire au travail – j’aime beaucoup votre campagne d’affichage interne, coup de cœur pour l’affiche “Ah bon il prend un congé paternité, il compte allaiter ?” Je me suis d’ailleurs permise d’inviter la MEL, pour ses agents, à vous copier.
La ville doit aussi rendre compte dans ce rapport de ce qui est fait sur le territoire, en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, de place des femmes dans l’espace public, d’actions en faveur de leur santé. Votre rapport annuel dit que vous allez poursuivre tout ce que vous faites déjà.
Comme trop souvent, pas de bilan, pas d’évaluation, pas de points pour se challenger : on a là un document de communication. Nous avons 3 points d’alerte.
D’abord un étonnement dans certains documents de la ville de Lille : l’écriture inclusive
Cette écriture avec l’utilisation de points dans les mots pour marquer leur genre. Je la vois ça et là dans des documents municipaux. Il nous semble que l’administration devrait respecter la grammaire pour que les textes restent clairs : un grand oui à la féminisation de notre langue, mais non à l’imposition de cette technique qui dans les faits complique, exclut une partie des lectrices et des lecteurs. Pouvez-vous rappeler la position officielle de la ville, s’il vous plaît.
Et puis deux alertes : LA SÉCURITÉ DES FEMMES DANS NOS RUES et LES VIOLENCES CONJUGALES
S’agissant des VIOLENCES FAITES AUX FEMMES dans le cadre familial, à Lille
Vous dites “continuer à soutenir les associations qui luttent contre ces violences”. Pas sûr que vos subventions soient à la hauteur. Pour ses 250 000€ de budget annuel, l’accueil de jour de l’association SOLFA (Solidarité femme Accueil) vous demande 20 000 €. Vous accordez 3000 €. Merci de nous expliquer, parce que “les assos demandent les élus disposent” ça ne nous a pas suffit comme réponse en commission préparatoire.
Se renseigner sur internet, lire une brochure, pousser la porte d’une association, joindre le 3919, ce numéro que nous devons tous connaître, restent des démarches difficiles. Le problème dans nos grandes villes, c’est de rendre plus claires, plus visibles, les dispositifs aux victimes, avant qu’elles ne se retrouvent à l’hôpital ou à la police.
L’Etat teste actuellement des points d’accueil pour les victimes, dans nos centres commerciaux, à Auchan V2 notamment. Cette expérimentation, citée hier encore par un médecin du CHU dans la Voix du Nord, marche. Les besoins ne vont pas disparaître avec le déconfinement progressif, appuyons sur l’accélérateur, assurons-nous de communiquer plus massivement encore, dans des lieux de vie fréquentés au quotidien.
“Favoriser la sécurité des femmes dans l’espace public”, à Lille. Une volonté affichée, oui mais
En France, une femme sur trois se sent en insécurité dans son quartier. 10% y ont été victimes de violences. Oui, les Françaises en général, et les Lilloises en particulier, évitent et désertent certains lieux. Pour comprendre et agir, le Canada a inventé les marches exploratoires, plusieurs femmes arpentent un secteur qu’elles connaissent bien et font un diagnostic. Je lis qu’il y a eu une marche en 2018 à Bois-Blancs et une en 2020 à Wazemmes. Quelles actions concrètes derrière ? Rien dans le rapport. Ce sujet renvoie aussi, même si ça n’est pas l’alpha et l’omega de la sécurité, au bien trop timide déploiement de caméras dans les coins critiques de Lille. Comme le disait la précédente adjointe lilloise à l’égalité en 2014, “On dirait que la ville est faite pour les hommes ! Dans certains quartiers, dehors, on ne voit que des hommes, sur les places, dans les parcs, aux bouches de métro…” Cette élue espérait qu’en 2020 Lille soit citée en exemple, nous n’y sommes pas.
Je rêve d’une ville où les femmes se sentent tranquilles, partout.
Merci
Ingrid Brulant