Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les Adjoints et conseillers municipaux.
Nous saluons cette subvention municipale pour l’AFEV, ce réseau d’étudiants solidaires qui s’investissent auprès de nos enfants dans les quartiers populaires et qui aussi fait sa part face à l’immense galère du logement étudiant à Lille, en proposant 30 places dans des Kaps, des colocations solidaires : un loyer modéré pour l’étudiant et du bénévolat dans le quartier.
Et la ville de Lille, elle fait quoi face à la pénurie de logements étudiants ?
Vous serez tentée de me répondre que techniquement le logement étudiant est une compétence de l’Etat. Et oui, un plan gouvernemental face à cette pénurie qui est un véritable mal français, est activé. Mais le manque de logement étudiant à Lille, 3ème pôle étudiant de France, c’est bien aussi un mal lillois face auquel le Maire à la main.
Or votre programme pour les dernières élections municipales était muet sur ce point, là où notre groupe FAIRE RESPIRER LILLE avait mis les pieds dans le plat : favoriser la construction de résidences étudiantes.
Il n’aura échappé à personne que nous n’avons pas gagné les élections. La seule chose que nous puissions faire aujourd’hui c’est de vous donner l’envie d’agir, Mme Aubry, Mme Badéri Adjointe au logement, Mme Goffard Adjointe aux Étudiants.
Même s’il se dit que vous avez rechigné ces 30 dernières années à voir se bâtir des résidences étudiantes, que c’est une erreur historique qui a terriblement tendu le marché immobilier, qu’on a préféré ici faire du logement social en zappant le logement étudiant, nous voulons croire que les choses peuvent changer.
Il est temps de voir les étudiants comme une chance. Il est temps de penser la ville de Lille pour les Lillois, mais aussi pour ceux qui y sont de passage.
Ceux qui pilotent Lille doivent être à la hauteur de ce que nous sommes : une capitale métropolitaine où habitent 125 000 étudiants, 130 000 demain, une capitale de région ! Une région très riche d’autres villes universitaires, mais c’est quand même ici que sont concentrés le plus d’établissements supérieurs. 1 habitant de la métropole sur 10 est un étudiant, 65 000 jeunes étudient dans Lille intra-muros, et leur principal problème (sauf pour les 30% qui habitent encore chez leurs parents) c’est de se loger, ici.
Quelle considération avons-nous pour ces jeunes ? Quel accueil leur réservons-nous ? De leurs conditions de vie dépend leur réussite universitaire. Leur confiance en l’avenir.
Alors les solutions pour loger les étudiants sont multiples et chacun doit faire sa part : l’état, les bailleurs, le privé, l’associatif. La solution ça n’est pas que plus de chambres CROUS ou inversement plus de studios privés. Des idées innovantes, des associations qui comme des petits colibris font leur part pour aider les étudiants, on en a en métropole lilloise : logement à la ferme, chambres chez des seniors. Mais toutes ces petites cuillères ne suffiront pas à vider la mer.
Les colocations solidaires que j’évoquais ? Et si vous les aidiez à passer de 30 places à 60 ? Ce serait toujours ça de pris.
Les résidences à loyer social (entre 250 et 350€ charges comprises) ça ne sera jamais pour tous les étudiants, mais trouvons du foncier à Lille pour en construire, il n’y a que 9 résidences CROUS dans toute la ville. Quant aux résidences privées à but non lucratif comme celles de l’Université catholique, c’est 1400 places seulement, face à 25 000 étudiants. C’est quoi votre feuille de route face à ça ?
3 ou 4 résidences d’au moins 50 places d’ici la fin de votre mandat en 2026, ça ne serait pas la mer à boire, si ?
Que fait la ville pour aider à trouver des terrains, on fait quoi avec la friche Transpole ou l’ancien collège Michel Servet ? On fait quoi à Lille Bois-Blancs où débarquent 1000 étudiants ? On laisse les marchands de sommeil poursuivre le saucissonnage des maisons comme à Vauban ?
L’enjeu, notamment pour nos jeunes en 1ère année d’études, c’est plus de résidences à taille humaine, avec des espaces communs, à prix abordable, pas trop loin des écoles. Une bonne partie de la solution, sans occulter le sujet des bureaux et logements vacants, c’est donc de signer des permis de construire ou de rénover. Bravo d’avoir facilité la résidence intergénérationnelle qui ouvre bientôt à Vauban, c’est positif.
Et si ce soir c’était l’heure des bonnes résolutions.
Chiche, plus de projets massifs d’aménagement urbain, comme la friche St Sauveur, sans au moins consacrer une petite partie du foncier à du logement étudiant. C’est même ahurissant de constater que le projet initial n’en contenait pas, ça tombe bien la copie doit être revue.
Chiche, pas de grande réhabilitation sans penser aussi un peu à du logement étudiant, ça tombe bien l’ancienne Cité administrative à l’entrée de Lille est à rénover.
Des acteurs sont prêts à se mobiliser, avec des modèles économiques soutenables dans le temps. Ce sont des projets à penser maintenant. Alors que l’Université de Lille vient d’élire son nouveau Président, le Professeur Régis BORDET, que nous tenons à féliciter et à encourager, nous vous proposons Mme Aubry d’inscrire cette épineuse pénurie de logements en top priorité de l’entretien que vous ne manquerez pas d’avoir avec lui. Je salue au passage mon collègue Nicolas Lebas ex. Vice-président à la Région chargé de l’enseignement supérieur avec qui j’ai travaillé cet appel à l’action.
Lille doit avec la Métropole lilloise dont vous êtes vice-présidente, avec l’observatoire du logement étudiant, communiquer un objectif sincère, chiffré, partagé, une feuille de route. Parce qu’il n’y a pas de vent favorable pour le bateau qui ne sait pas où il va.
Je vous remercie pour votre écoute.