Conseil métropolitain du 25 février 2022
Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, chers collègues,
Nous avons pris connaissance de votre nouvelle feuille de route 2022-2026 pour l’économie sociale et solidaire avec passion.
Parler de l’ESS c’est continuer à combattre cette image d’Épinal qu’il y a encore dans la métropole : l’ESS serait une sous-économie, une économie de substitution cantonnée au secteur associatif.
Il faut dire que c’est un terme qu’on connaissait peu avant la loi de 2014 qui la définit. Nous sommes maintenant très nombreux à être convaincus que l’ESS est au cœur de la transformation de notre économie, car depuis toujours elle sait comment mélanger la performance économique, l’impact social et la transformation écologique.
L’ESS, ce sont des entrepreneurs — on les salue tous ce soir — qui s’engagent pour la transition écologique et sociale et qui prouvent qu’un autre modèle est possible.
Tous les secteurs d’activité sont investis par l’économie sociale et solidaire en métropole, c’est tout à fait juste. Vous trouverez des acteurs de l’ESS dans le logement, l’industrie, la culture, l’agriculture.
Ce sont de grandes entreprises comme Vitamine T, ou des initiatives de plus petite taille : une recyclerie, une conserverie de quartier.
Votre stratégie, qui repose sur un million d’euros de budget de fonctionnement par an, trois axes et quinze actions, insiste avant tout sur le besoin de visibilité de cette économie, rendre visible pour développer. La visibilité était déjà un des axes forts de votre stratégie 2015-2020, cela reste donc nécessaire.
Notre groupe Métropole Avenir va voter cette feuille de route parce que oui, votre diagnostic est juste : un effort de communication grand public côté MEL est indispensable.
Le site internet de la MEL est très taiseux sur l’ESS. L’ESS, ça a été dit, c’est 10 % du PIB français, 14 % de l’emploi privé en France, 12 % à Lille. À l’échelle de la MEL, si j’en crois ce mémo, c’est plus de 50 000 salariés. J’ai été assez surprise par ce chiffre qui semble stagner puisque l’INSEE en 2015 ne disait que 52 000 salariés dans la MEL.
La question demeure : comment nous rendre utiles aux côtés des acteurs et des futurs acteurs de l’ESS ? Nous avons trois points clés à vous partager.
Le premier, c’est qu’à notre sens, la métropole doit s’engager plus fort à rediriger ses achats publics, c’est évoquer action 6 et à pleinement intégrer les entrepreneurs de l’ESS dans ses appels à manifestations d’intérêt.
Nous regrettons de ne pas voir cité une seule fois l’État dans votre stratégie, qui a pourtant lancé de nombreux appels à projets avec France Relance.
La relance, c’est aussi la commande publique orientant nos commandes de manière plus vertueuse. C’est comme cela que nous renforcerons la filière ESS.
Le second point pour nous, c’est effectivement de favoriser la mise en réseau des acteurs de l’économie sociale et solidaire.
Dans le bilan du précédent plan, on précise bien que pour les associations et entreprises de l’ESS qui travaillent en silo, cela réduit considérablement le potentiel de réussite de leurs projets.
Il faut se dire quand même que d’autres métropoles sont bien plus en avance et audacieuses que nous sur l’économie sociale et solidaire.
Inspirons-nous de réussites inspirantes comme Rhône-Alpia à Lyon, où les Échos Solidaires, à Nantes, ou encore le Bazar Saint-So à Lille, qui est beaucoup cité dans votre stratégie et qui deviendra le lieu totem de l’ESS.
En tout cas, l’économie sociale et solidaire doit devenir une marque de fabrique de notre métropole.
Notre métropole doit être reconnue comme l’endroit où il faut être. C’est un message que pourra défendre plus fort encore notre agence d’attractivité Hellolille.
Enfin, dernière enjeu, j’ai presque terminé : renforcer la filière de l’insertion par le travail en nous appuyant sur les entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire.
Il faut accélérer sur l’emploi inclusif, et là aussi, la commande publique va aider par des achats auprès des entreprises qui font de l’emploi inclusif. C’est bien plus puissant qu’une subvention publique.
Voilà, pour terminer, valorisons et mettons en réseau les acteurs de l’ESS. Soyons attentifs à nos achats publics et aux entreprises qui insèrent par l’emploi.
C’est avec ce filtre que nous, chez Métropole Avenir, ferons le prochain bilan annuel de votre stratégie.
Je vous remercie.