ETUDE URBAINE DE LILLE
Madame le Maire, chers collègues ;
La présente délibération porte sur la participation à une étude d’urbanisme relative au secteur « Eurasanté », ainsi que sur la désignation d’un représentant de notre commune dans la commission d’appel d’offres.
L’étude dont il s’agit vise à définir trois axes principaux : l’accessibilité, le développement des services, et les mesures compensatoires de la création de la « liaison intercommunale Nord – Ouest », acronyme « L.I.N.O. » par la création d’un « poumon vert ».
Nul ne conteste l’intérêt des mesures compensatoires quant à leur principe ; encore faut-il qu’elles soient de nature à compenser vraiment, c’est-à-dire proportionnellement.
La L.I.N.O., dont nous ne nions pas l’utilité, produira inévitablement des effets « secondaires ». Si l’on peut espérer qu’elle participera à la fluidité de la circulation que vous appelez de vos vœux, on peut sans peine imaginer que ladite fluidité aura tôt fait de générer une augmentation du trafic par effet d’aubaine, ce qui avant de saturer de nouveau les axes de circulation provoquera une augmentation significative de la pollution atmosphérique… Rendant singulièrement insuffisante la compensation du poumon vert qu’on aura pris soin de créer.
Vous évoquez également le « Schéma Directeur des Infrastructures de Transport » (S.D.I.T.), c’est-à-dire le prolongement du métro. Une lecture attentive dudit S.D.I.T. nous enseigne cependant que ce prolongement n’est envisagé qu’à « long terme », dans un « Temps 3, voire au-delà »… Bref, nous ne le verrons pas de sitôt, pas sans doute avant le doublement de l’autoroute A1 ou celui des rames de métro…
Parallèlement au développement des transports en commun, l’aménagement du territoire vise depuis plusieurs années maintenant à densifier les zones urbaines à proximité des transports existants ; ce n’est qu’ainsi, nous le savons bien, que l’on réduira réellement le besoin de transport individuel et la pollution qu’il génère. Reste à ne pas réduire le besoin de transport individuel au prix d’une réduction des « poumons verts » existants, au moment même où l’on souhaite en créer pour compenser la « L.I.N.O. ».
C’est le risque que soulignent avec insistance les riverains du Jardin des Plantes, regroupés depuis 2019 en association (« Bien vivre au Jardin des Plantes »). Rappelons-le, il s’agit du deuxième grand « poumon vert » de notre commune après la Citadelle que ne classera pas l’U.N.E.S.C.O.
En 2019 déjà, les coprésidents de ce collectif indiquaient que 300 logements avaient été édifiés en 5 ans, provoquant de nombreuses nuisances. Des commerciaux rendaient même visite à des habitants pour leur proposer un rachat en vue d’une démolition suivie de la construction d’immeubles d’appartements.
Et s’agit-il de densifier, en oubliant complètement l’existant, sans prise en compte des formes urbaines existantes, et de ses habitants ? Faut-il faire du passé table rase ?
La « Voix du Nord » du 8 janvier dernier ajoutait à ces nombreuses constructions un projet du promoteur « Icade » de construire d’abord 100 puis finalement 60 logements sur une friche industrielle récente. L’association, prenant en compte ce que vous indiquiez page 37 de votre programme « en matière d’urbanisme participatif, pour co-construire ce que nous pensons être des « communs urbains » (qualité de l’insertion architecturale, espaces extérieurs à partager, lieux à mutualiser), quant à elle, indiquait avoir contre-proposé 30 33logements compatibles avec la « transition écologique ».
Signalons à cet égard que M. l’adjoint Dendievel s’était engagé en juin 2021 à faire analyser ce contre-projet, et d’en présenter le résultat aux responsables de l’association. Bien malheureusement, les rendez-vous fixés en juillet, septembre et octobre 2021 ont été annulés, et il semble que vos services ne soient en outre pas autorisés à communiquer le produit de l’analyse .Monsieur l’Adjoint, dois-je vous conjurer de donner corps à votre engagement ?
Certes, la rue du Jardin des Plantes est dans un « Disque de Valorisation des Axes de Transports » (D.I.V.A.T.), à moins de 500 mètres du métro, 10 mn de marche, ce qui peut inciter à la densification. Mais elle est séparée du métro par le périphérique, la passerelle piétions est peu engageante, et la couverture éventuelle de l’axe routier n’est envisagé qu’au plus tôt en 2026-2027, c’est-à-dire, cela tombe bien, dans le cours du prochain mandat municipal…
Ayant rappelé ces évidences, nous voterons cette délibération, et soutiendrons l’engagement de notre commune dans cette étude. Mais parce que nous pensons qu’il est indispensable d’associer les habitants à des aménagements qui auront des effets forts et parfois néfastes sur leur environnement, nous appelons à ce que le conseil de quartier de Lille – Sud soit associé aux travaux. L’aménagement et l’urbanisme ont pour finalité le bien vivre, dans le respect des équilibres exigé par l’article L 101-2 du Code de l’Urbanisme. Ne l’oublions jamais !
Je vous remercie.
Vanessa DUHAMEL