Les activités culturelles et artistiques polluent. Comme toute activité humaine, elles sont consommatrices d’énergie, de ressources et de matériaux.
Et en même temps, elles sont indispensables pour poser et partager des valeurs, pour nous émanciper, pour éveiller les consciences et nous aider à imaginer la transition écologique. Face à l’urgence climatique, pour atteindre l’indispensable zéro carbone, le secteur de la culture doit se transformer. C’était le sujet phare des dernières assises nationales de la culture comme d’ailleurs du dernier forum des villes du réseau Eurocities qui vient de se tenir à Lille au cours duquel vous avez lancé vous aussi un appel à cette culture décarbonée et inclusive : une culture durable et partagée.
Ce soir vous soumettez au vote du conseil municipal le dépôt de ces deux marques, en propriété intellectuelle. La marque « Culture durable partagée » et « Lille culture durable partagée ». Ceci pour être identifiée comme une ville qui développe ces axes, pour labelliser des bâtiments et des événements lillois, pour accompagner la transformation des équipements et des pratiques des acteurs de la culture.
Je ne peux pas nier que ce dépôt de marque nous a surpris – est-ce à dire que personne d’autre que Lille ne pourra utiliser le label Culture durable partagée ? – pourquoi ce dépôt de marque ne se fait-il pas au niveau de l’agglomération lilloise pour irriguer, c’est bien la responsabilité de notre ville capitale, tout le territoire métropolitain? – Vous qui êtes, Madame le Maire, également Vice-Présidente à l’attractivité et rayonnement de notre Métropole ?
Mais nous allons voter pour, avec l’ambition dans les années à venir d’en faire non pas une promesse marketing, mais une réalité.
Car non Lille ne fait pas de culture durable quand depuis des années, jamais la Ville n’a réuni tous ses acteurs culturels pour faire un point objectif, loin de l’autosatisfaction, sur la grande précarité des artistes, la fragilité des structures, l’incertitude du lendemain pour les créateurs ?
Non Lille ne fait pas de culture durable quand nous manquons si cruellement de résidences et de lieux de créations, d’ateliers, pour que nos talents puissent s’installer sereinement et travailler dans la durée sur la commune?
Non Lille ne fait pas de culture durable quand Lille a vu ces dernières années beaucoup d’associations culturelles fragilisées ou fermées, comme le Biplan, Nasdac, le festival de l’Entorse, la Maison de la Photographie
Non Lille ne fait pas de culture durable quand vous manoeuvrez pour faire fermer ce lieu historique pour la Photographie, au coeur du délicat quartier de Lille Fives, pour tenter de le remplacer par un nouvel Institut brillant dans le Vieux-Lille, qui ne verra pas le jour avant 2025 contre 2020 annoncé, dépasse, avec ses 17 M€, toutes les prévisions budgétaires au point que nous, groupe Faire Respirer Lille, ayons dû, en responsabilité, déposer une demande d’audit de l’Inspection Générale des Affaires Culturelles ?
Non Lille ne fait pas de culture durable quand 80 % des subventions culturelles reviennent aux grandes structures habituelles : Lille 3000 chère à votre cœur, l’O.N.L., le Théâtre du Nord, l’Aéronef, le Grand Bleu et le Prato ?
Non Lille ne fait pas de culture durable quand sa principale association culturelle Lille 3000 ne publie pas d’étude d’impact sérieuse, ne réinvestit pas sa trésorerie excédentaire de 5 millions d’euros au profit de l’activité quotidienne des associations de terrain
Non Lille n’a pas fait de culture durable quand vous avez refusé le classement de notre Citadelle à l’Unesco, quand vous laissez l’Église Saint-Sauveur à l’abandon, et que vous vous risquez de faire de même avec l’exceptionnel bâtiment de la serre du Jardin des Plantes de Lille.
Accordons les mots aux actes. Vous nous trouverez toujours à vos côtés pour soutenir les efforts de transformation qu’il y a à faire ici, à Lille, pour une culture plus durable et plus partagée.
Je vous remercie.
