Madame le Maire, chers collègues ;
J’avais attiré votre attention sur la santé psychologique dégradée de nombre de nos concitoyens lors du conseil municipal du 9 octobre 2020 ; bien malheureusement, elle ne s’est pas améliorée depuis lors, la crise ukrainienne ayant succédé au coronavirus comme facteur anxiogène.
Je n’avais pas eu alors le sentiment de recueillir un grand écho, bien que notre ville se présente dans l’avenant qui nous est soumis comme » pionnière en la matière depuis 2017 » ; qu’importe, l’essentiel est que l’urgence ait fini par vous apparaître.
Vous évoquez la prise en compte de la souffrance psychologique des jeunes, et particulièrement des étudiants, comme » une priorité » ; je ne la conteste pas. Me vient cependant à l’esprit, par méconnaissance peut-être, que notre jeunesse est dotée d’une belle énergie à même de surmonter bien des épreuves, quand nos anciens n’ont bien souvent comme seul horizon que la solitude et la mort, qui peut apparaître comme libératoire faute d’aucune autre perspective, dès lors qu’un état de stress intense s’ajoute aux atteintes naturelles du grand âge. S’il fallait se livrer à une horrible comptabilité morbide, plus nombreux auront sans nul doute été nos anciens à décéder prématurément depuis deux ans que leurs petits-enfants.
Le » décloisonnement » que vous appelez de vos vœux doit aussi être celui des générations ; notre époque est celle de l’assignation, du spécifisme et du communautarisme, au détriment de tout universalisme. Il suffit pour s’en donner un aperçu de consulter l’article 5.1 de l’avenant, dont l’intégrale rédaction en orthographe inclusive, à laquelle vous seule échappez par l’effet vertical de quelque jupitérisme, éclaire sur la multiplication des « je » et leur cohorte de solitudes et la négation de tout « nous », qui permettrait aux plus fragiles de se sentir membres d’un seul corps protecteur.
Cette fois encore, je vous inciterai à vous appuyer sur notre tissu associatif, nos bénévoles, les acteurs de terrain, pour détecter les souffrances les plus discrètes et discrètement aussi inciter à s’entourer, à consulter, à mettre des mots sur des douleurs et des malaises. La consultation d’un psychologue est désormais remboursée à 60% par l’assurance maladie et les 40% restants par les mutuelles pour toute personne âgée de 3 ans et plus et jusqu’à 8 consultations annuelles depuis ce mardi 5 avril, sur orientation médicale – sans besoin donc d’une prescription ; faîtes-le savoir aux Lillois, afin qu’ils en bénéficient aussitôt qu’ils en ressentiront le besoin, et faîtes savoir aussi par des campagnes d’information qu’il n’y a aucune honte à se sentir angoissé, mais au contraire bien du courage à affronter ses angoisses.
Ensemble, et chacun selon nos compétences propres, nous devons contribuer à réduire les non-recours, en généralisant les aides » à la source » ; la santé de nos concitoyens, ce bien précieux entre tous, doit constituer l’un des dépassements de nos divergences politiques.
Je vous remercie.