Conseil Municipal

Conseil Municipal : Le futur des mobilités en métropole lilloise

Intervention d’Ingrid Brulant

Madame le Maire, Monsieur Richir, 

Vous venez de nous partager votre avis sur le futur plan de mobilité de la métropole lilloise, qui doit guider les décisions dès l’an prochain et jusqu’en 2035 : un plan pour booster l’usage des transports en commun, booster la marche et le vélo, changer nos voitures et surtout l’usage qu’on en fait. 

Ce plan mobilités, vous y avez contribué, vous êtes en phase, nous aussi, et d’ailleurs il a été voté à la quasi unanimité en juin à la MEL. 

Donc maintenant, le vrai challenge, c’est la mise en œuvre. 

Au risque de casser l’ambiance je rappelle que l’évaluation du précédent plan métropolitain parle de décalage entre ambitions initiales et réalisations effectives :  usage en hausse de la voiture,  timides avancées pour l’usage des transports collectifs, et des modes doux, marche, vélo : sous-utilisés.

On peut bien se dire qu’on est tous d’accord, à la fois pour la planète, et pour nos poumons, pour changer, le plus difficile, c’est d’agir, et notre conviction, c’est que Lille, ville centre, doit être leader, précurseur, inspirante. Pourtant, dans votre avis, il y a de l’attentisme : vous demandez par exemple des bornes électriques, mais oui il y a urgence. La fin des moteurs thermiques c’est demain, c’est 2035. Nous, ce que nous avions à notre programme pour Faire Respirer Lille, c’est un schéma directeur d’équipement en bornes électriques en priorité dans les parkings publics et privés, avec calendrier, moyens, et conventions de partenariats. Il faut passer à la vitesse supérieure ! Vous demandez aussi à la MEL de déplacer les car intercités de Lille Europe. Mais ça fait 10 ans que les connaisseurs dénoncent l’absence de gare routière dans le grand Lille. Vous n’avez porté aucun projet dans le cadre des réflexions urbaines Euralille3000, animé aucun débat métropolitain pour la positionner.

Je vous partage ds mes 5 min règlementaires nos principaux points de divergence qui font que nous ne voterons pas votre texte.

1- D’abord les grands objectifs. Vous le rappelez, Lille veut des transports fluides, accessibles, et écologiques. Nous partageons vos 3 objectifs, mais il en manque un : la sécurité. 

Car vous citez simplement les problèmes de franchissements, toutes ces coupures urbaines où on n’a pas très envie de s’aventurer à pied ou à vélo. Mais il n’y a pas que ça. À pied, traverser des zones envahies par les trafiquants est anxiogène et en décourage plus d’un, à l’entrée du métro Gambetta, un lycéen s’est fait agresser il y a quelques jours en plein après-midi. Il faut être clair : nous voulons des mobilités sécurisées oui c’est aussi comme cela qu’on peut attirer plus de monde vers la marche.

2è point- Sur le “comment faire”, vous dites que cela passe nécessairement par réduire la place de la voiture individuelle, mais reconnaissons que ça n’est pas si simple pour tout le monde surtout qu’il manque de métros, bus, trams, TER, ici. Un retard qu’il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre. Et quand enfin se décident de nouvelles lignes de tram, bientôt, vous ne consultez pas les usagers sur le tracé. La commission nationale du débat public a désavoué votre méthode de travail, indiquant que les citoyens n’ont pas eu accès à des éléments de comparaison sur les alternatives au tracé que vous imposez et sur lequel nous sommes en désaccord. 

Nous avons d’autres points de divergence : vous êtes totalement silencieux sur les trottinettes, comme d’ailleurs sur les vélos électriques, bien utiles notamment aux seniors ! Prenons l’exemple des trottinettes en libre service à Roubaix : quand c’est bien organisé, ça marche. Faire comme si les trottinettes n’existaient pas, c’est renoncer aux principes de cohabitation, de complémentarité, de respect des différents modes de déplacements dans la rue. Et puis… vous demandez l’accroissement des parkings relais en métropole, certes, mais nous notre position c’est aussi des parkings sur le pourtour du centre-ville, à distance de marche. 

Et je conclus avec notre priorité des priorités : Lille marchable. Comme titrait la VDN, “Marcher à Lille, c’est pas le pied”. Dans le baromètre des villes marchables 2021, Lille n’obtient la moyenne dans aucun des critères. La ville marchable, ce concept importé des Etats-Unis pr lutter contre la sédentarité, bien incarnée par les superblocks à Barcelone, ça n’a à peu près rien à voir avec les piétonnisations ponctuelles du vieux Lille, ce sont dans le centre et dans les quartiers, des rues proches des transports en commun, connectés entre elles par de nombreux croisements, denses en habitations et en végétation, avec des commerces, où l’on trouve intérêt à marcher. Ce sont aussi de véritables itinéraires piétonniers identifiables avec bancs, fontaines et toilettes publics, d’un point d’intéret à un autre. Une ville marchable n’a rien à voir avec une ville fermée sur elle-même, l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, l’accessibilité aux visiteurs depuis les parkings, et la question des livraisons, sont à prises à bras le corps. Plus l’indice de marchabilité, c’est bon pour les commerces. L’indice de marchabilité, il influe surtout sur notre santé. Je vs renvoie à l’excellente étude des équipes d’épidémiologie et de santé public de l’université et du CHU de Lille sortie en 2021, qui, ayant étudié les agglomérations de Dunkerque, et la notre, que ceux qui vivent ds les quartiers les plus marchables sont en meilleure santé cardio vasculaire, moins de diabète, d’hypertension, d’obésité. Lille marchable ce serait un parti pris fort, pour penser la santé, les transports et les logements de demain. Et comme aurait pu dire le baron Haussmann Lille marchable ce serait Lille “embellie, Lille agrandie, Lille assainie”. 

Parce que votre avis ne nous rassure pas sur votre volonté de donner l’impulsion, d’innover, parce que vous ne dialoguez pas suffisamment avec les Lillois comme le montre tout récemment l’annonce brutale du stationnement payant, nous nous abstiendrons sur votre texte. 

Je vous remercie.