Madame le Maire, chers collègues ;
L’actuel Palais de Justice Lillois, édifié à partir de 1965, témoigne d’une époque où l’on regardait le Lille Ancien comme le témoignage d’une époque révolue qu’il convenait d’arraser, convenons toutefois que le bâtiment actuel a ses admirateurs dont je suis.
Considéré comme exigu et hors normes, il a été jugé inadaptable par le gouvernement de François Hollande, dont le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a décidé en 2016 du transfert sur l’emprise d’un ancien terrain de football.
Assez rapidement, des contestations sont apparues à l’initiative des professions du Droit, qui s’alarmaient de « marqueurs » implicites mais manifestes de la mise en œuvre d’une conception radicalement différente de la mission de l’autorité judiciaire : « étanchéité » des bureaux fermés aux justiciables, diminution d’un tiers de l’espace affecté aux avocats, réduction drastique des places de stationnement réservées aux seuls juges et administratifs : tout faisait montre d’une volonté déterminée d’éloigner physiquement le justiciable et son défenseur du lieu d’exercice de ses droits.
Ainsi le projet était-il pensé à surface quasi-constante un demi-siècle après le précédent, alors même que la population a cru, que les tensions de notre époque incitent au contentieux, et que les besoins en personnel judiciaire sont criants, ce dont l’actuel Garde des Sceaux se préoccupe de façon louable depuis plusieurs années en procédant à de nombreux recrutements.
Tout récemment, la vérité a rejailli du puits, comme il était aussi prévisible qu’inévitable et d’ailleurs annoncé dès 2022 ; le nouveau Palais de Justice est trop petit, il en faudra un second ; 138 millions d’euros ne suffiront pas à abriter nos magistrats.
Ainsi la question se pose-t-elle désormais en termes simples et cru : où logera-t-on l’excédent ? Trois solutions paraissent être ou avoir été envisagées, le maintien provisoire dans des lieux obsolètes de la part surnuméraire des magistrats et de leurs auxiliaires, ce qui suppose d’en convenir avec son propriétaire, le département du Nord, qui a récemment annoncé engager la procédure de cession, l’extension future du nouveau bâtiment, ou l’installation durable dans un autre lieu, un bâtiment proche de l’Institut d’Administration des Entreprises (I.A.E.) ou l’actuelle banque de France rue Royale étant cités parmi d’autres.
Au motif de notre attachement à une justice efficace, respectueuse des victimes et de ceux qui la rendent, nous entendons, comprenons et nous nous inquiétons des alertes reçues ; notre groupe Faire Respirer Lille a préparé un courrier afin de saisir le Garde des Sceaux de ce surprenant état de fait que nous proposerons à la cosignature de notre Conseil ; cependant, c’est notre commune qui seule sera destinataire de toute demande d’hébergement provisoire ou définitif.
Ainsi vous interrogeons-nous tout à la fois sur vos projets quant à l’hébergement judiciaire, et l’avenir pérenne de l’actuel Palais de Justice avenue du Peuple Belge, que nous avions proposé d’affecter à un partenariat public-privé combinant musée de l’histoire et de l’avenir de Lille, lequel nous manque toujours cruellement, lieu dédié au « design », à l’architecture et au paysage, structure de valorisation internationale d’artistes locaux, création de logements sociaux, observation faite que le Président Poiret a assuré sur les réseaux sociaux agir « en concertation » avec vos services.
Je vous remercie.