Conseil municipal du 11 octobre 2024
Bilan de la politique culturelle dans l’espace public à Lille
Madame le Maire, chers collègues ;
Par cette délibération, la prolongation en 2024 du programme Lille Ville d’Art et d’Artistes est soumise à notre conseil. Le groupe FRL ne peut que se montrer favorable à la pérennisation d’une politique participant à l’embellissement de notre ville et au renforcement de la place des artistes et de leurs œuvres dans nos quartiers.
Nous souhaitons dans le même temps saluer les artistes choisis dans le cadre de ce programme, dont nous soulignons le talent, la qualité du travail ainsi que la précieuse contribution au bien commun au service de l’éveil des esprits et de l’amélioration de notre cadre de vie.
Comme les artistes, nous pensons que le quotidien doit être enrichi de sens nouveau de la vision ou du moins de la tentative de vision du monde, des artistes, qui pour eux une manière d’habiter la terre, pour nous, une proposition, une réflexion.
Dans cet esprit, nous appelons à un meilleur partage de l’art dans l’espace public, à une véritable appropriation des œuvres par les habitants.
Aujourd’hui, et bien malheureusement, force est de constater qu’une large majorité de nos concitoyens de Fives, de Moulins ou de Faubourg-de-Béthune ignorent le sens et le message de ces oeuvres.
Cette délibération est également l’occasion pour notre groupe de réagir au bilan flatteur que Mme l’adjointe vient de dresser de 20 ans de culture dite « durable ».
En premier lieu, nous pouvons confirmer que la Ville de Lille a en effet massivement investi dans la culture, au cours des années et sous les précédents mandats, faisant de notre Ville un musée à ciel ouvert et la rendant attractive sur le plan évènementiel.
Les ressources engagées ont permis par leur abondance l’émergence d’une certaine vitalité artistique de la ville.
Vous connaissez toutefois notre attachement à une meilleure répartition des financements vers des associations historiques de notre commune, dans tous les quartiers, ainsi qu’à une évaluation de l’efficacité de ces financements et l’opportunité de leur pluriannualisation.
Plus particulièrement, Lille 3000, malgré des investissements conséquents, continue de nous interroger ; gouvernance, transparence, montant de la trésorerie, accessibilité… Au-delà de nos critiques de fond, nous voyons aussi que Lille3000 montre des signes de stagnation en termes de retombées économiques. En 2022, les retombées économiques et le nombre de visiteurs n’ont pas progressé, atteignant à peine 1 million de visiteurs, contre 1,2 million en 2019.
Nous sommes fondés à s’interroger : pourquoi des investissements publics toujours croissants sont-ils désormais dépourvus de retombées économiques ?
Pour cette raison, nous proposons de nouveau au Conseil Municipal d’envisager la publication par la commune d’un rapport annuel évaluant les retombées économiques et sociales de Lille 3000, détaillant les bénéfices culturels, mais aussi ceux en termes d’emploi et d’économie locale, afin de justifier, le cas échéant, les subventions publiques allouées.
Lorsque l’on additionne les financements de la Ville à ceux de la Région Hauts-de-France, avec 2,4 millions d’euros sur trois ans, et de la MEL, avec environ 2 millions d’euros par édition, les contribuables Lillois sont naturellement fondés à avoir une vision durable de ce qu’apporte Lille3000 !
Quand nous constatons par ailleurs le succès des expositions de la Crypte de Notre Dame de la Treille ou des soirées Luminescence, dépourvues de financement public, nous nous interrogerons, en période de budget contraint, sur la nécessité de poursuivre une politique aussi dispendieuse.
La politique culturelle doit dégager une vision du territoire, contribuer à son rayonnement, son attractivité, concevoir une ville telle que l’artiste y occupe une place centrale, à la fois vigie et boussole de l’action publique comme de nos consciences.
En dernier lieu, le temps de libre parole qui nous est offert nous permet d’appeler l’attention de notre conseil sur la situation de précarité vécue par de nombreux artistes lillois.
Face à cette réalité douloureuse, il est urgent que notre commune mettre en place des mesures d’accompagnement, comprenant la création de véritables résidences et ateliers d’artistes.
Ce bilan, tout en reconnaissant les avancées de la politique culturelle de Lille ces dernières années, doit également ouvrir la voie à une réflexion collective sur les améliorations à apporter, notamment en termes de valorisation, d’équité, et de soutien aux acteurs culturels les plus vulnérables.
Je vous remercie