CommuniquéLille

A Lille ce soir, la récupération politique de l’assassinat d’Aboubakar Cissé : grande tristesse pour la République.

Ce soir, comme partout en France, un rassemblement en hommage à Aboubakar Cissé, tragiquement assassiné dans une mosquée du Gard, a eu lieu à Lille. Ce crime barbare, un acte anti-musulman odieux, aurait dû être l’occasion d’unité, de dignité et de solidarité nationale. D’un signe de soutien aussi à toute la communauté musulmane. Mais ce que j’ai constaté ce soir-là place de la République a été tout autre : ce rassemblement, censé être un hommage, a été tristement récupéré à des fins politiques.

Après avoir participé au rassemblement républicain initié par la Mairie de Lille à 12h00, rassembleur et serein, j’ai été invitée à rejoindre celui de 18h00, place de la République, par des citoyens et associations qui se disaient choqués par l’absence ou l’insuffisance de réaction officielle du gouvernement face à ce crime ignoble. Ce rassemblement devait être consacré à un moment de recueillement ; hélas, certains, par leur volonté d’instrumentaliser ce meurtre tragique en ont detourné le sens profond pour en faire un terrain de combat idéologique. Ce qui s’est déroulé ce soir s’est largement éloigné de ce que devrait être un hommage digne, pour devenir une manifestation politisée, dominée par une extrême gauche violente et haineuse. 

Cette instrumentalisation politique de la haine, cette récupération d’un meurtre pour assouvir des objectifs partisans est une véritable honte pour la République. La violence verbale à laquelle j’ai été confrontée ce soir n’a fait que renforcer un peu plus les failles que certains ont décidé de creuser dans notre société. « Spillebout complice », « Spillebout dégage », « Crimes islamophobes, Spillebout complice »… ces slogans haineux ont fusé, venant de ceux qui prétendent incarner la résistance contre l’injustice. Mais c’est bien eux qui, par leur violence, par leur haine, divisent la République, et non ceux qu’ils tentent de stigmatiser.

Ceux qui se sont érigés en champions de la lutte contre l’islamophobie en dénigrant les institutions républicaines, ceux qui veulent masquer leur impuissance par des insultes et des menaces, sont les véritables ennemis de l’unité nationale. Quand un groupe se permet de détourner un acte de violence pour nourrir ses propres querelles idéologiques, il pervertit le sens même de l’hommage. Ce soir-là, il n’y a pas eu de respect pour la mémoire d’Aboubakar Cissé. Il n’y a eu que récupération et haine.

Malgré la violence, malgré les menaces, je suis restée. Parce que c’était la seule manière de montrer que la République doit être plus forte que la haine, plus forte que les tentatives de déstabilisation de ceux qui, par leur politique de division, cherchent à nous écarter de notre engagement commun pour une société juste et inclusive. Je suis restée pour incarner une autre voix, une voix républicaine, une voix qui refuse de céder à la tentation de la violence politique et de la division.

Ceux qui ont voulu détruire ce moment de recueillement ne m’ont pas fait reculer. Je dis merci au Parti Socialiste et à la Ligue des Droits de L’homme qui n’ont pas cédé à la pression des chants insultants, et ont permis que la minute de silence, se tienne malgré tout. Ce fut un moment de dignité partagé, malgré les tentatives de perturber ce geste de solidarité. Ce soir-là, il n’y avait qu’une seule victime, et ce n’était pas moi. C’était Aboubakar Cissé, et sa disparition mérite mieux que cette récupération honteuse.

Le message est clair : certains groupes, en agissant ainsi, ne font que nourrir la division et l’incompréhension. Ils ne défendent ni la mémoire d’Aboubakar Cissé, ni la cause qu’ils prétendent défendre. Ils ne font que renforcer les fractures de notre société et affaiblir le tissu républicain. Mais je resterai fidèle à mes convictions : c’est l’unité de la République qui doit primer, pas les divisions partisanes.

Ce soir, finalement une date dont je me souviendrai, nous avions ensuite un Conseil Municipal, au cours duquel, fièrement et à l’unanimité, nos élus ont voté le Plan Territorial de Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine. Tant d’actions encore à mener à Lille et partout en France.