Conseil Municipal du 10 octobre 2025
Monsieur le Maire, chers collègues ;
Cette affiche est belle, nostalgique d’un temps qui nous paraît insouciant. Elle est si belle que la question en vient à se poser : est-il possible qu’elle puisse être plus belle encore lors de futures éditions de notre braderie, née au XIIème siècle d’une liberté offerte aux domestiques, qui comme en un carnaval des fous pouvaient une fois l’an vendre les habits usés de leurs maîtres ? Une belle affiche, c’est l’annonce d’une belle braderie, et l’inverse aussi. Cette braderie qui est notre bien immatériel et commun, nous voulons tous la préserver, oui, tous, même ceux qui haïssent la tradition et veulent tout déconstruire. Et souvent, préserver c’est protéger, et cela ne vient pas seul, il faut y être aidé, mettre notre braderie à l’abri des alternances, de l’affaissement commercial, du mercantilisme et de la médiocrité. Notre groupe rêve d’une affiche ornée du label « Patrimoine culturel immatériel de la France », comme une promesse de classement UNESCO, label ratifié par notre pays dans une convention signée dès l’année 2006.
Pourquoi ? Simplement pour nous assurer de transmettre à nos générations futures une braderie vraiment Lilloise et préservée, qui demeure notre fierté commune, pour afficher aussi dans l’Europe entière qui nous visite chaque année que nous restons nous-mêmes, et méritons d’être encore arpentés parce que nous différons toujours du commerce globalisé.
Il y a là une conjonction d’objectifs, renouveler l’identité de notre ville, préserver notre fraternité et la faire savoir ; non, nous ne sommes pas encore le Parc Astérix, merveilleux certes, visité évidemment, mais que nous ne pourrions jamais égaler si nous nous laissions aller à tenter de l’imiter, bien que notre conseil ait longtemps connu sa figure de Bonemine.
Le 6 septembre dernier, avait comme chaque année lieu la foire à l’ail d’Arleux, qui attire une foule sympathique et populaire. Il y faisait beau, et la soupe était bonne. Mais voilà que tout à coup M. le Maire MoDem -que je salue d’un œil complice- de ce si sympathique village voulut battre notre record de la plus grande chenille. Il échoua, évidemment. Pourquoi ? Parce que l’ail, c’est lui, la chenille, c’est nous. Un label « Patrimoine immatériel de la France » suivi d’un classement UNESCO, c’est l’assurance de préserver nos traditions comme notre folklore, en ce compris lorsqu’il serpente en chenille.
Mme Aubry s’est débrouillée pour conserver au sec l’avenue du Peuple Belge en divisant les partisans de la remise en eau. Elle a refusé de classer une citadelle qu’elle voulait laisser s’effriter. Mais la braderie, c’est immatériel, cela doit échapper aux marchands du Temple tout autant qu’aux ignorants de notre patrimoine. Certes, FAIRE RESPIRER LILLE l’a proposé, et c’est donc urticant pour nombre de nos collègues. Mais ce sujet nous dépasse et ne sera ni une victoire pour nous ni moins encore une défaite pour ceux que nous aurons inspirés. Je vous appelle donc tous, chers collègues, à rejoindre le groupe de travail « patrimoine UNESCO » que nous avons constitué, ouvert à tous les Lillois et à la grande famille des amoureux de notre Braderie.
Je vous remercie.