Conseil Municipal du 10 octobre 2025
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
À l’approche de l’hiver, chacun de nous sait que, derrière les chiffres, il y a des vies suspendues.
Des femmes, des hommes, des familles, des jeunes aussi, que nous croisons chaque jour dans nos rues, parfois sans même oser les regarder dans les yeux.
L’hébergement d’urgence, ce n’est pas une ligne budgétaire : c’est un acte de fraternité républicaine, et un devoir collectif.
Nous voterons donc cette délibération, et appelons même à un renforcement de la part du budget municipal sur l’hébergement d’urgence
1. L’État est au rendez-vous de ce devoir
Je veux d’abord saluer le travail des agents de l’État, aux côtés de la Mairie de Lille et de son CCAS, des associations et des équipes de terrain, qui œuvrent chaque nuit, chaque week-end, parfois dans des conditions très dures, pour ne laisser personne dehors.
En 2025, l’État renforce encore son effort :
- 4 548 places d’hébergement sur l’arrondissement de Lille, dont 1 198 pour notre seule ville,
- 51 millions d’euros investis, soit une hausse de plus d’un million par rapport à 2024.
Et au-delà des chiffres, il y a une volonté : celle de ne pas reculer, malgré les contraintes budgétaires, et d’ouvrir 200 places supplémentaires dans le département, dont 56 ici, à Lille, notamment sur l’ancienne école Saint-Exupéry.
L’État assume pleinement son rôle de garant de la dignité humaine, et il le fait en partenariat étroit avec les associations — ces acteurs de première ligne, qui connaissent les visages, les prénoms, les histoires.
2. Une veille sociale renforcée et humaine
À Lille, ce travail de proximité est au cœur du dispositif :
- 13 accueils de jour financés sur la MEL, dont 9 à Lille,
- 6 équipes mobiles soutenues par la DDETS, de l’ABEJ à la Croix-Rouge en passant par le Secours Populaire.
Et je veux saluer l’inauguration prochaine du nouvel accueil de jour de l’ABEJ, le 10 décembre, rue du Four à Chaux.
Ce lieu passera de 50 à 120 places, grâce à une mobilisation exemplaire : 1,1 million d’euros du plan de relance de l’État, le soutien de la Ville, de la MEL et du Département.
C’est une belle illustration de ce que nous pouvons accomplir quand nous travaillons ensemble, au service des plus fragiles.
3. Préparer l’hiver, sans jamais s’habituer
Nous le savons : chaque hiver, c’est une course contre le froid, contre l’isolement, contre la peur.
Les gymnases ouverts par l’État et gérés par les associations seront de nouveau mobilisés — et un gymnase supplémentaire sera ouvert cette année.
L’hiver dernier, le taux d’occupation a dépassé 90 %. Cela montre que les dispositifs fonctionnent, qu’ils sauvent des vies.
Et lorsque ces structures ferment, personne n’est abandonné :
132 personnes ont été relogées à l’hôtel, dont 69 enfants, avant d’être réorientées vers des solutions plus stables.
C’est cela, une politique humaine et responsable.
4. L’urgence doit conduire au logement
Mais l’urgence n’est qu’un début.
L’objectif, c’est le logement durable.
Le Service public de la rue au logement, désormais bien ancré dans le Nord, avance : le SIAO, les associations, les communes, les bailleurs travaillent ensemble pour fluidifier les parcours.
Il nous faut maintenant aller plus loin :
- chaque commune doit respecter les 25 % de logements sociaux réservés aux ménages prioritaires,
- et dans ce quota, 5 % doivent être destinés à celles et ceux qui sortent de l’hébergement d’urgence.
C’est là que notre responsabilité d’élus locaux est engagée.
Car l’État ne peut pas tout. Il impulse, il finance, mais il a besoin que les collectivités jouent collectif.
Conclusion
Ce que je veux dire aujourd’hui, c’est que l’État est au rendez-vous.
Les associations sont au rendez-vous.
Et les citoyens solidaires, ces bénévoles qui se relaient dans le froid, le sont aussi.
Alors oui, nous devons faire notre part.
La Ville de Lille doit être un partenaire exemplaire de cette solidarité organisée, pas seulement en ouvrant des locaux, mais en co-construisant des solutions durables, humaines, dignes.
Parce qu’une société se juge à la manière dont elle traite les plus fragiles, et que personne, à Lille, ne devrait dormir dehors, je veux ici redire ma confiance dans la force du partenariat entre l’État, les associations et les collectivités.
C’est ensemble que nous pourrons rendre la République plus fraternelle et plus juste.
Je vous remercie