Conseil municipal du 20 juin 2025
Monsieur le Maire, chers collègues ;
Notre groupe a témoigné à plusieurs reprises de notre intérêt commun pour l’accès du plus grand nombre à la natation, dont la demande du public a très notablement augmenté depuis les récents Jeux Olympiques.
Nager, ce n’est pas uniquement, et même pas principalement, éviter la noyade ; dans une passionnante étude Helvète consacrée à une piscine Genevoise, deux sociologues, Cornelia HUMME & David WAGNIERES, ont analysé l’apprentissage de pratiques et de règles de vie commune qu’implique celui de la natation, mais aussi le partage d’espaces communs et fédérateurs. On se souvient à cette occasion de lointaines polémiques locales relatives à des horaires réservés, et l’on constate aujourd’hui qu’il y a plus grave, le déclin progressif de l’accès lui-même à ce que votre compagne politique Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’éducation, dénommait en 2015 : « construire la capacité à traverser l’eau avec le moins de résistance en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête », de façon à « se déplacer de façon autonome, plus longtemps, plus vite, dans un milieu aquatique profond standardisé ».
La piscine, c’est aussi un secours indispensable face à l’aggravation du dérèglement climatique, comme le souligne le premier « plan national d’adaptation du sport au changement climatique », tout récemment publié par le ministère des Sports, qui évoque (cf. p. 60) une « fréquentation des piscines impactée à la hausse en réaction aux fortes chaleurs, canicules et vagues de chaleur et au développement d’îlots de chaleur. »
La piscine de Fives, fermée suite à la rupture d’une canalisation le 18 avril de l’année dernière, ne trouvera sa succession que dans le cours de l’année 2027. Quant à Marx Dormoy, c’est au prix de 2 millions d’euros de travaux d’urgence qu’elle « tiendra » quelques mois encore, jusqu’à l’ouverture de la piscine olympique provisoire au printemps de l’année prochaine.
Deux millions ainsi dépensés en pure perte pour corriger à la hâte des années d’abandon, ce n’est pas rien en temps de rigueur budgétaire et d’appauvrissement de nos concitoyens…
Dans un entretien accordé à notre quotidien local le 5 juin dernier, vous déclariez ouvrir au public la piscine provisoire « autant que possible », avec une « priorité » accordée « aux scolaires et aux clubs sportifs ». Ce flou nous a interpellé, comme un signe du loup : dans un temps où l’informatique permet de modéliser en une poignée de minutes l’occupation d’un édifice public, dès lors que les associations sont dûment référencées et les effectifs scolaires très plausiblement anticipables, la fermeture partielle voire totale au public ne peut provenir d’une faiblesse de la capacité matérielle d’accueil d’un équipement ; si la piscine olympique avait été trop exigüe pour accueillir d’autres nageurs que scolaires ou associatifs, vous le sauriez déjà.
Si le doute existe, et si vous l’entretenez, c’est un sujet humain, d’agents ou de personnel mobilisés pour accueillir les usagers concernés, l’argument économique étant écarté, dès lors que notre commune a investi pas moins de 650.000 euros annuels ces trois dernières années pour « prolonger » Marx Dormoy.
Il est possible que notre commune ne désire pas recruter le nombre d’agents nécessaires à l’utilisation la plus large de ce nouvel équipement ; dans cette hypothèse, le modèle de partenariat public-privé existe à la piscine des Weppes, équipement métropolitain inauguré par la Présidente Aubry, accessible 7 jours sur 7 avec en outre deux nocturnes…
Je sais, et regrette, avoir échoué à vous convaincre d’ouvrir l’une des neuf médiathèques intra-muros le dimanche, à l’image de celle de Lomme ; je devine m’exposer à une réponse lapidaire m’assénant qu’il n’est pas question de développer les muscles quand l’esprit est en jachère. Demeurent six jours et quelques nuits, et la pause méridienne. Notre groupe vous demande donc de préciser le mode d’exploitation choisi pour la prochaine piscine olympique, dont le nom semble déjà déterminé et la famille de Camille Muffat consultée avant toute délibération de notre conseil, et les conséquences qui en résulteront pour nos concitoyens qui ne sont ni des scolaires, ni membres d’un club de natation.
Je conclus, car comment parler de piscine sans évoquer sa vocation sportive pour saluer avec fierté l’équipe des nageuses du LUC métropole Waterpolo qui a remporté le titre de championnes de France, pour la 11e fois consécutive.
Je vous remercie.
Vanessa Duhamel