Madame le Maire, chers collègues ;
L’habituelle délibération du mois de janvier relative aux subventions aux opérateurs culturels, présentée comme illustrative d’une « politique en faveur de la culture durable » – supposée donc exclure les arts éphémères, permet aux acteurs culturels comme aux observateurs d’analyser les choix de votre majorité municipale.
L’année dernière, notre groupe avait rappelé pour la regretter la disparition de plusieurs établissements ou structures culturelles, au fil de vos nombreux mandats successifs, contredisant ainsi la permanente évocation d’un « foisonnement culturel » Lillois.
Nous avions en cette occasion rappelé la fragilité de petites associations de quartier, insistant pour qu’une planification pluri-annuelle de leurs financements soit enfin établie, comme elles le sollicitent depuis si longtemps.
Si la crise sanitaire que nous traversons a vu l’Etat comme la commune soutenir efficacement les structures institutionnelles ; la situation des acteurs aux dimensions modestes n’en est que plus précaire.
Chacun est conscient des bouleversements à venir en sortie de crise ; les usages, les attentes, les besoins seront très vraisemblablement profondément modifiés. « Gouverner, c’est prévoir », écrivait Emile de Girardin ; il vous appartient d’anticiper, en sondant à la fois l’offre et la demande ; là où de véritables « Etats Généraux de la Culture Lilloise » seraient précieux, force est de constater que vous vous bornez à reconduire presqu’à l’identique les financements antérieurs, pour une enveloppe globale de 10 millions d’euros.
Si l’on déduit de ce montant les 4 millions d’euros accordés à l’Opéra de Lille, lequel par son statut d’Etablissement Culturel (établissement public de coopération culturelle – EPCC) diffère des structures de droit commun, la « ventilation » des 6,2 millions d’euros accordés s’établit à grands traits comme suit :
* 4,6 millions d’euros, soient 80 % de l’enveloppe globale, reviennent aux grandes structures habituelles : Lille 3000 chère à votre cœur, l’O.N.L., le Théâtre du Nord, l’Aéronef, le Grand Bleu et le Prato ; sur cette somme 2,8 millions sont attribués à Lille 3000, primus inter pares avec 45 % des subventions culturelles hors Opéra ;
* 1,6 millions d’euros sont chichement consentis aux 52 structures restantes, qui comme de coutume seront les parentes pauvres.
Parmi elles, 27 associations apparaissent être ce qu’un ancien président socialiste aurait appelé les « sans-dents », puisqu’elles obtiendront moins encore que ce qu’elles sollicitaient, pour un total refusé de 187.000 euros… 3% de l’enveloppe globale, peu donc pour les finances de notre commune, mais beaucoup pour chacune d’elle, dont l’avenir est incertain.
Dans ma mémoire peut-être défaillante, Mme l’adjointe à la Culture m’avait assuré l’an dernier qu’il était superflu de constituer un fonds de soutien exceptionnel, aucun acteur n’ayant sollicité d’aide particulière ; ceux qui l’auront fait cette année se la seront donc vue refuser.
Quelles sont-elles ? Flonflons de Wazemmes, pour 20.000 euros ; le théâtre Massenet de Fives pour 14.000 euros ; Eolie Songe de Lille-Sud pour 9.000 euros ; le Cirque du Bout du Monde de Moulins pour 5.000 euros ; Avenir Enfance, encore Moulins, pour 5.000 euros ; la Verrière à Vauban pour 3.000 euros ; la Malterie à Wazemmes pour 2.000 euros, le Comité d’animation des Bois Blancs pour 400 euros… Comment ne pas constater que la quasi-totalité de celles citées sont implantées dans des quartiers où les difficultés sociales sont nombreuses ?
Je n’oublie pas « Lattitudes contemporaines », à l’origine d’une belle exposition au « Grand Sud », pour 40.000 euros…
Au vu de ce qui précède, nous proposons en 2022 comme nous l’avions proposé en 2021 la tenue d’Etats Généraux de la Culture Lilloise, visant à identifier les besoins et pérenniser les structures en péril et les accompagner dans la transition numérique, développer l’accès à la Culture participative dans les quartiers, œuvrer aussi à l’innovation.
Notre souhait de 2021 étant demeuré lettre morte, nous proposons donc cette année un amendement, qui permettra à chacun des membres de ce conseil de prendre une position publique et d’affirmer son soutien ou son indifférence à l’avenir de nos associations culturelles.
Je n’en rappelle pas ici les termes, qui vous sont connus par la communication qui vous en a été faite.
Je vous remercie.
Vanessa DUHAMEL