Madame le Maire,
Madame Aubry,
Depuis juin 2020, mes collègues du groupe Faire Respirer Lille, Bernard Charles et Vanessa Duhamel sont souvent intervenus sur les sujets culturels.
Je le sais, vous attendiez que je m’exprime sur la culture. Parce que vous et moi, nous aimons profondément la culture, n’est-ce pas ?
C’est un sujet fondamental, n’est-ce pas ?
Parce que la culture, c’est l’art du partage, c’est l’expression de notre identité multiple et de notre unité nationale, c’est notre conscience collective, c’est la continuité de notre histoire, c’est une manière de penser, de dire et de vivre ensemble.
La culture, c’est aussi un moteur économique pour notre pays comme pour notre ville, pour son rayonnement et pour son attractivité.
Nous croyons, vous et moi, que soutenir les artistes, soutenir la culture, c’est aimer notre ville, c’est aimer la France.
Que s’est-il passé pour que nous constations chaque jour, à Lille, la culture à deux vitesses :
– D’un côté, celle de l’art institutionnel, reconnu, accompagné, celle des grands événements et des grands équipements, dont les lillois sont collectivement fiers. Je pense à notre Palais des Beaux-Arts, à l’Opéra, au Théâtre du Nord, au Flow, à nos maisons folies, ou encore à Lille3000 et à Sériesmania.
– Et puis de l’autre côté, celle de la grande précarité des artistes, de la fragilité des structures, de l’incertitude du lendemain pour les créateurs. Je pense à toutes les petites associations de danse, de théâtre, d’arts visuels qui tentent de survivre dans nos quartiers lillois, mais aussi à la disparition du Biplan, à Nasdac, au festival de l’Entorse, ces dernières années et bien sûr, à la Maison de la Photographie en sursis.
Alors, que s’est-il passé, Mme le Maire, pour que nous en arrivions là aujourd’hui ?
Ce soir, vous nous présentez une délibération intéressante, importante puisque, souligne ce texte : « La Ville de Lille place l’artiste et la création au cœur de sa politique culturelle en mettant à sa disposition des outils lui permettant de créer, de donner à voir ses productions et de se professionnaliser. »
Importante aussi puisqu’elle propose un soutien à 3 artistes sélectionnés pour bénéficier d’une très belle aide municipale. Je m’en réjouis pour eux, les heureux élus de cette édition 2021, sincèrement. Des lauréats qui font partie des réseaux reconnus de la culture : réseaux de la DRAC, réseau 50 degré Nord, école du Fresnoy.
En revanche, je souhaite interpeller ici notre Conseil Municipal. Car si le choix artistique est souverain, la responsabilité du politique, c’est l’équité de traitement, et le service de l’intérêt général.
Et c’est là que le bât blesse, Mme Aubry.
Les Lillois, les artistes, n’ont pas connaissance de la composition du jury, ni des critères de sélection de ce magnifique Prix Wicar.
Les Lillois, les artistes, les structures culturelles, se sentent en grande majorité oubliés de votre politique culturelle et souffrent dans tous nos quartiers à Lille d’un sentiment d’abandon et de mépris parce qu’ils n’appartiennent pas à tel ou tel réseau. Ils demandent pourtant eux aussi de la reconnaissance, du soutien à la production et à la diffusion, de l’accompagnement personnalisé, des ateliers, des résidences.
Mon engagement politique, celui de mes collègues de Faire Respirer Lille, est fondé sur des valeurs : celles de l’égalité de traitement, de la transparence, de l’ouverture, de la tolérance et donc de l’accessibilité de la culture pour tous.
Auriez-vous trahi les vôtres de valeurs ? Celles qui fondaient pourtant, il me semble, votre engagement lorsque vous avez commencé la politique ?
Car en début de conseil, vous avez présenté l’actualité culturelle de la Ville de Lille, en omettant ostensiblement de mentionner le 20ème anniversaire des Transphotographiques, à la Galerie des Tanneurs, et dans toute la métropole.
Quelle tristesse !
Quelle tristesse que vous n’ayez pas salué ce soir, cette si belle exposition qui regroupe plus de 250 photographes, dont une grande partie sont issus de notre Région ;
Quelle tristesse de ne pas témoigner reconnaissance et soutien à tous ces artistes participants, qui mériteraient de bénéficier de droits d’auteur, et d’aide à la production.
Quelle tristesse de ne pas rendre hommage aux travaux de Jérémie Lempin, Visa d’Or à Perpignan, qui expose à Lille son travail sur l’action du cheval Peyo dans le service de soins palliatifs de Calais. Ou à celui de Natalya Supranova, Pascal Bachelet ou Laurent Mayeux…
Ce soir, Madame le maire, ce qui m’anime, ce qui nous anime, c’est la culture en grand, c’est celle qui fait Respirer Lille partout, dans tous les quartiers de notre ville. Et nous sommes tristes de constater que vos rancœurs ont pris le pas, année après année, sur les valeurs d’équité, d’accessibilité et de partage qui président à toute politique culturelle. Feriez-vous passer vos règlements de compte personnels au-dessus de l’intérêt général ?
Il est encore temps d’agir différemment !
Quand travaillerons-nous ensemble, au sein de ce Conseil Municipal, pour soutenir tous les artistes lillois dans tous nos quartiers, pour l’intérêt général de notre ville ?
Je vous remercie
Violette Spillebout