Madame la 1ère adjointe, chers collègues,
Je voudrai tout d’abord commencer cette intervention en reprenant les mots d’un enfant de notre Conseil Municipal des Enfants lors de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire
Clémentine Dupuy
“Je pense qu’on est malheureux quand on est un harceleur. On ne peut pas être heureux et harceler.” et en remerciant toutes les associations, nombreuses dans notre ville, et professionnels, éducateurs engagés auprès de nos enfants, qui chaque jour les accompagnent, les sensibilisent à ces problématiques, et tentent d’y remédier lorsqu’un cas est détecté.
Sont d’ailleurs soutenues dans les subventions présentées ce soir, l’action « boîte à mots” de la Sauvegarde du Nord que je veux saluer car elle a permis, sur l’année scolaire 2020-2021, d’accompagner 318 enfants lillois et lommois, principalement des écoliers et des collégiens, en les sensibilisant à ce fléau. Est aussi soutenue ce soir l’action de prévention contre le harcèlement de l’Association Intercommunale d’Aide aux Victimes et de Médiation, dont je veux saluer l’engagement sans faille de ses professionnels qui agissent tant à destination des enfants, qu’à destination des parents et professionnels périscolaires, qui sont, nous le savons, en première ligne pour déceler et régler ces problèmes.
Un harcèlement c’est un traumatisme que l’enfant puis l’adulte portera toute sa vie, il faut l’empêcher et si cela n’est pas possible, le traiter. Le harcèlement peut se trouver partout, dans la rue, dans le bus, sur internet, et paradoxalement là où il est le plus présent alors que les décideurs publics peuvent le plus agir : c’est à l’école. Si l’école est le temple du savoir elle est aussi celui d’un apprentissage au savoir-vivre. Or le lieu de l’émancipation de la jeunesse est devenu pour nombre d’élèves le lieu de l’appréhension. Celui de la boule au ventre avant d’aller au collège, celui des stratégies d’évitement pour ne pas croiser ceux qui harcèlent, celui trop souvent d’une détresse que les personnels n’arrivent pas à saisir, à comprendre et à empêcher.
En France, chaque année, plus de 700 000 enfants sont harcelés. 12% des élèves de primaire en seraient victimes, soit environ 1 300 enfants lillois. Les conséquences de ce harcèlement sont diverses et peuvent aller très loin, échec scolaire, repli sur soi, déscolarisation et même parfois, nous en avons malheureusement trop d’exemples : passage à l’acte. Bien souvent les parents sont démunis et désemparés face à ce fléau.
Aussi, depuis bientôt cinq ans, beaucoup a été fait pour lutter contre le harcèlement qu’il ait lieu à l’école, lors des activités périscolaires, ou sur internet en rentrant à la maison.
Deux numéros spécifiques, que je voudrais rappeler ici, ont été ouverts : le 3020 pour le harcèlement scolaire et le 3018 pour le cas particulier du cyberharcèlement. La mobilisation de l’éducation nationale est totale, dans toutes les académies, 335 référents harcèlement sont présents pour aider à la prise en charge de ces cas particuliers.
Le programme PHARE qui dote les écoles et établissements scolaires d’une stratégie globale d’intervention dont 342 écoles et 159 collèges de notre académie profitent déjà.
Et parce qu’on sait que la réussite de cette lutte contre le harcèlement repose sur l’engagement de tous, y compris des élèves eux-mêmes, plus de 23 000 élèves ambassadeurs ont déjà été formés, dans toute la France, pour sensibiliser leurs camarades au sein de leurs établissements.
Pour compléter ces dispositifs, notre majorité, par la voix du député Erwan Balanant, a déposé une proposition de loi, qui sera bientôt examinée en deuxième lecture, visant à lutter contre ces fléaux. Cette loi prévoit beaucoup d’actions concrètes parmis lesquelles
- la possibilité pour les parents d’enfant harcelé de demander au cours de l’année ou à la rentrée un changement d’établissement sans que la carte scolaire ne leur soit opposée
- une attention particulière portée à la santé psychologique de l’enfant lors de la visite médicale obligatoire pour détecter les cas de harcèlement
- la création d’un prix national “non au harcèlement” dont deux établissements de notre académie ont été primés, un collège de Mons-en-Baroeul et un lycée de Cambrai
- la création d’un délit de harcèlement scolaire
Si l’éducation est une compétence de l’État, la formation de nos agents municipaux doit être impulsée par la ville. A la cantine, dans la cour de récréation, lors des activités périscolaires, tous les agents de notre ville doivent être sensibilisés et formés pour détecter et signaler les cas de harcèlement, accompagner les victimes avant qu’il ne soit trop tard.
Nous devons mettre en place un large plan de formation à destination des agents de la ville.
C’est ainsi que le groupe Faire Respirer Lille, parce qu’elles sont un début de réponse, votera ces subventions. Ce programme est une avancée mais nous avons le goût amer de l’inachevé.
Plus que jamais, nos établissements scolaires, mais également les centres sociaux ont besoin de soutien pour lutter contre le harcèlement scolaire.
Nous souhaitons donc qu’un appel à projet soit lancé, avec des financements spécifiques, pour la sensibilisation et le suivi de ces questions dans les structures lilloises.
Je vous remercie.